Pour :

- le sublime travail sur la lumière

- le jeu époustouflant, tout en subtilités (l'évolution des mimiques, de la diction, de la voix et de la posture) de Casey Affleck et de la plupart des seconds rôles

- la reconstitution et l'ambiance générale du film

- la scène où James débarque chez Ford après le meurtre de son cousin, et que Robert Ford pique sa crise. Mais ne nous y trompons pas, c'est moins à Pitt qu'aux autres comédiens qu'on doit toute la saveur de la scène.

Contre :

- le jeu de Brad Pitt, qui doit plus au maquillage, à la lumière, et à son inertie face au talent de ses partenaires qu'à son seul talent... au moins cinq moments m'ont particulièrement fait décrocher : le premier plan du film, où Jesse James semble déjà parti, je veux dire qu'il est déjà loin des préoccupations de Brad Pitt; le moment où il est sur le point de buter le contrôleur du train (mais là, c'est autant la réalisation molle que son jeu qui dessert la séquence); le moment où suite à la dispute avec son frère, JJ discute avec Robert Ford et découpe des serpents; le moment où il rend visite à l'un de ses complices (fabuleux lui) pour se rendre compte que celui-ci lui ment comme il transpire; enfin, la scène où il se sert de Robert Ford pour expliquer ce qu'il compte faire lors du hold-up (ici, Pitt n'a jamais aussi mal joué un dément, son rire est tout sauf juste). Dans ce film, Pitt est le faire-valoir de Casey Affleck, entre autres. Dommage, car il a déjà fait bien mieux. Je veux bien que tout l'enjeu du film soit de montrer combien Jesse James existait surtout dans les yeux de ceux qui n'osaient l'affronter, mais entre économie de moyen et insuffisance, il y a un pas que Pitt semble malheureusement franchir.

- le degré zéro du langage cinématographique, quand la voix off narre au détail près ce que l'image montre déjà avec insistance, au ralenti, et en gros plan; quand en fait d'ellipses, on nous montre des images du ciel en accéléré (Gus Van Sant, sort de cette péloche !) : aussi subtil que dans les experts : miami.

- le rythme du début (pour ne pas dire tout court), et le déséquilibre général du film entre avant l'assassinat et l'après assassinat. Après le meurtre, vu le temps passé à subir le début, on se demande quand ça va finir, alors que les conséquences de l'acte sont aussi intéressantes que l'acte lui-même.

- dans cette permanente tergiversation de l'avant assassinat entre le point de vue de Ford (et de celui des interlocuteurs de Jesse James) et celui de Jessie James, le film se trahit et trahit son titre. Les ralentis et les accélérés, les plans séquences, en deviennent des longueurs rasantes, par leur manque d'engagement et de précision. Il y a une distance du regard qui au lieu d'être fluctuante, est floue, comme certains plans du film à l'effet grossier comme un aveu d'échec par l'auteur du film...
Pigevach
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le 7 oct. 2010

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