And on September 5th 1881, Jesse James was thirty-four years old.

Andrew Dominik nous livre ici une oeuvre magistrale. Il revisite le simple western américain pour en faire quelque chose de grandiose, plein d'émotion et d'une esthétique surprenante. Le film retrace donc une époque de la vie de Jesse James, jusqu'à son assassinat, époque où il a commencé à fréquenter Robert Ford, son futur assassin.

Si tout est déjà dit dans le titre, ça ne fait que rendre le film plus captivant. En effet, tout le monde connaît déjà l'histoire de Jesse James parce que tout le monde, à dix ans, à voulu lui ressembler. Mais le film ne raconte pas simplement la vie du gangster; il raconte tout le cheminement psychologique de son adulateur, à savoir le "lâche" Robert Ford, qui apparaît dans le film comme un être très ambigu, effectivement lâche et pourtant plein d'une force qu'il semble méconnaître, et d'un désir d'être reconnu par ses proches d'abord, puis par le monde entier. C'est donc ce Robert Ford torturé qui nous est présenté, un Robert Ford qui cherche sa place, et semble la trouver auprès de son mentor James, qui lui aussi semble toujours se chercher et arrive difficilement à vivre avec lui-même, à cause d'une paranoïa croissante et du remords qui le ronge.

Un film fortement porté sur la psychologie des personnages donc, que chaque détail met en évidence: une main qui glisse dans les épis de blé, le son d'un revolver qu'on charge, un coup de vent qui fait frémir les narines... Rien n'est laissé au hasard, et tout contribue à augmenter la tension du spectateur, qui attend jusqu'à la fin que ce fameux meurtre ait lieu.
Les scènes, si l'on est pas dérangés par l'utilisation excessive de floutés et de clair-obscurs, sont à couper le souffle. Le réalisme est surprenant, et pourtant on sent une part d'irréel dans ces paysages enchanteurs aux couleurs éclatantes, et c'est ce contraste qui donne toute sa force au film. Certains jugeront que trop de longueurs inutiles rendent le film sans grand intêret, et c'est là qu'ils se trompent: tout ici est pensé pour qu'on sente la tension monter, pour qu'on chemine avec les personnages et qu'on comprenne comment ils en sont arrivés là. Evidemment, la musique de Nick Cave contribue à cette atmosphère pesante, et réussit cependant à nous insuffler un air de liberté lors des traversées des vastes étendues vierges de l'Amérique du XIXème. Et faire ressentir à la fois la tension et la liberté, c'est un tour de force.

Ce film, donc, est un de ceux qui laissent un souvenir inoubliable, tant par leur esthétique que par les émotions qu'ils insufflent. A tous ceux qui aiment Jesse James, pour qu'ils comprennent mieux le "lâche" Robert Ford et qu'ils le haïssent moins, parce qu'il ne le mérite pas tant que ça, au bout du compte.
Elensar
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le 13 mars 2011

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