L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford par Chinaski

Le suspens tué dans l'œuf après une simple lecture du titre du film, on se doute tout de suite que les ambitions de Dominik quant à la portée de son œuvre ne se borne pas à une sempiternelle tenue en haleine du spectateur. Le teneur se situe ici plutôt entre une progressive immersion dans la psychologie des deux personnages principaux et une recherche esthétique très poussée. Outre le ton ocre érigé à l'ordre de constante durant le film, le réalisateur s'attache à l'insertion d'une nature filmée comme vivante et en mouvement, avec notamment ce ciel bas et menaçant, reflet de la paranoïa qui s'installe progressivement parmi les personnages, et ces nuages qui le parcourent rapidement, véritables leitmotiv accompagnant la progression du récit. De cette esthétisme très mallickien résulte une œuvre à la beauté plastique qui appelle une dimension poétique de tous les instants. Quant à l'exposition progressive des deux caractères principaux, elle est également réussie, passant de celle de Jesse James, brigand érigé en héros par la vox populi, à celle de son meurtrier, looser déterminé à s'extirper de sa condition en prenant pour modèle son idole. Et plutôt que vers Jesse James, notre empathie se dirige finalement vers le "lâche", celui qui rêvait de reconnaissance et s'assimilait à son idole jusqu'au point de la tuer afin de se rapprocher d'elle. Tentative vaine qui scellera son destin tragique dans une indifférence généralisée qui n'aura d'égale à l'opposé que le culte voué à celui dont il voulait devenir l'acolyte. Au-delà du tableau de cette relation ambivalente entre ces deux personnages, Dominik esquisse une peinture de la starification et de ses conséquences, dépeignant un Jesse James précurseur de nos superstars modernes, héros construit par des médias avides de trouver le nouveau "Robin des bois".
En bref, un très bon film qui prend le temps de se construire, et ce pour notre plus grand plaisir.
Chinaski
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le 19 sept. 2011

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