L'Attentat

Bien que tous les noms aient été modifiés et que les actions menées relèvent probablement de la fiction, "l'Attentat" est un film qu' Yves Boisset a réalisé en 1972 où il met en scène un complot concernant l'élimination de l'homme politique marocain, Mehdi Ben Barka. La théorie exposée dans le film laisse supposer qu'il y aurait eu collusion de plusieurs services secrets américains, français et marocains.
Dans les années 1970, plusieurs cinéastes français (mais pas seulement) s'attaquent à des sujets ou des affaires politiques pour lesquels subsistent des zones d'ombre ou une part de mystère. Et Yves Boisset en est un digne représentant en France comme c'est le cas de Costa-Gavras ou encore Francesco Rosi en Italie ou encore Sidney Lumet aux USA.
Le scénariste de l'Attentat est Jorge Semprun qui a pas mal œuvré avec Costa-Gavras.
Ce qui caractérise "l'Attentat", c'est surtout l'impressionnant casting : tous les acteurs français de l'époque s'y sont donné rendez-vous ou presque.
Le personnage central, celui qui est l'objet de l'attentat, c'est "Sadiel", l'homme politique marocain en exil à Genève que tout le monde, américains, français ou marocains, veut éliminer. L'acteur qui l'incarne est Gian Maria Volonté, un habitué des rôles politiques dans le cinéma italien (Elio Petri, Francesco Rosi). Il y a à la fois de la noblesse et de la fatalité dans son jeu. Superbe acteur.
Le personnage qui va rendre possible l'Attentat, à son insu, c'est Darien joué par un Jean-Louis Trintignant parfait : il incarne le gauchiste qui a été de toutes les luttes, qui est l'ami de toujours de Sadiel mais qui s'est fait poisser dans une affaire pas nette quelques années auparavant ; comme on dit, la police ou plutôt la DST le tient par les c*****es et sera complètement manipulé pour attirer Sadiel à Paris.
Le plus beau, c'est l'avocat de Darien (Trintignant), en qui il a toute confiance (!!!), qui s'appelle Lempereur (fallait l'inventer), c'est Michel Bouquet... L'homme devant qui il ne faut jamais se baisser pour ramasser sa carte bancaire tombée au sol. Franchement, avoir confiance en Michel Bouquet ! A la fin, Trintignant, il a quand même quelques petits doutes sur le personnage puisqu'il en vient à le gifler. Michel Bouquet, quel acteur, quelle présence !
Michel Piccoli, excellent acteur dans des rôles à contre emploi : ici, il incarne le colonel Kassar, chef des services secrets marocains, ennemi politique de toujours de Sadiel.
Et puis, Philippe Noiret qui joue le rôle d'un présentateur ou producteur d'émissions télé mais surtout membre des services secrets français; Il est un peu le chef d'orchestre de la manip.
Et puis, Bruno Cremer, François Périer, Jean Seberg, Jean Bouise, Jacques François, Nigel Davenport, Roy Scheider, Daniel Ivernel, etc etc ... Bref le ban et l'arrière ban du cinéma français.

Le film est mis en scène très efficacement en mode thriller. La musique d'Ennio Morricone rythme le film et contribue à monter la pression.
Bien sûr, le scénario est plié de telle façon qu'il ne laisse aucune équivoque sur les tenants et aboutissants de l'affaire ni sur les conclusions à tirer du film.
La vérité dans ce genre d'affaire très occulte n'a qu'une importance très relative ; l'essentiel me semble être que le film est très prenant, même dans la première partie plus descriptive, et qu'on ne s'y ennuie pas un instant.