Au cœur des 80's

Pas revu depuis ans, la diffusion de « L'Aventure intérieure » au cinéma était une belle occasion de se rattraper, les occasions de redécouvrir la carrière de Joe Dante sur grand écran n'étant pas si courantes. Pur produit de son époque, le film respire les 80's quasiment à chaque instant, que ce soit son rythme, son ton, sa mise en scène, ses effets spéciaux, ses dialogues, ses comédiens : difficile d'imaginer cette production Steven Spielberg faite à un autre moment. C'est à la fois sa force et sa faiblesse : d'un côté, il y a un charme évident à suivre ce récit plutôt original, fait avec un réel amour du septième art, dynamique au possible tout en imaginant des personnages plutôt attachants, le tout ponctué de touches humoristiques plus ou moins réussies, mais généralement efficaces.

Visuellement, la patte de Dante est évidente, que ce soit le voyage dans le corps humain ou les différentes courses-poursuites menées avec beaucoup de maîtrise, très loin de ce numérique écrasant toute velléité artistique depuis des années. De l'autre, on sent un film s'adressant clairement en priorité aux enfants, manquant de maturité, n'ayant rien d'autre à proposer qu'un pur divertissement, où notre anatomie est plus prétexte à une aventure sympa qu'à un séjour approfondi dans ce qui nous sert tous les jours, s'inspirant largement du « Voyage fantastique » de Richard Fleischer sans se rapprocher de sa complexité.

Le scénario a beau avoir de belles trouvailles, les raccourcis et facilités sont nombreuses pour le faire avancer, m'empêchant d'être totalement séduit par l'entreprise. Reste que « L'Aventure intérieure » demeure le produit d'une époque dont on a le droit (le devoir?) d'être nostalgique : créative, séduisante, où l'on sentait encore vraiment des réalisateurs derrière la caméra, quitte à être un peu bridés niveau scénario et choix du montage final : à l'image de son dénouement, on aurait aimé que cette décennie continue un peu.