Si tu veux admirer "Big Mac" en action...

L'Empire de la perfection est un documentaire sur la fabrication d'un documentaire sur le génial John McEnroe : en gros, on a un documentaire sur McEnroe, mais les faits que la genèse et l'environnement technique des tournages des matériaux d'origine sont montrés, et que le réalisateur s'est "amusé" en montant le film, donnent au résultat final un aspect artistique et immersif.

Vu au Cinexpérience Documentaire #107, le réalisateur était présent. Il a ainsi pu exprimer ses inspirations, notamment Chris Marker, connu pour "La Jetée", qui est à l'origine de "L'armée des 12 singes" et qui a fait l'objet de son premier film, "Un Regard neuf sur Olympia 52". Olympia 52 était un documentaire de Chris Marker sur les Jeux Olympiques de 1952. Julien Faraut, qui travaille à l'INSEP, combine donc ses centres d'intérêt, le cinéma et le sport, en réalisant des "documentaires" sportifs.

D'un point de vue plus personnel, j'ai passé un très bon moment, car cela a remué des souvenirs. J'étais enfant à l'époque où McEnroe sévissait, je faisais du tennis, j'en regardais dès que ça passait à la télé (les chaînes payantes n'existaient pas et on pouvait voir Roland-Garros, Wimbledon, Monte-Carlo et les tournois ATP français dans les années 80). J'étais plus un supporter de Borg, Lendl et Wilander, mais c'est vrai que McEnroe était un pur génie. Et ce documentaire, basé sur les rushes enregistrés par Gil de Kermadec à Roland Garros dans la première moitié des années 80, laisse bien transpirer ce sentiment. On peut y ressentir, son implication totale, physique et psychologique, son perfectionnisme exacerbé, limite son autisme. McEnroe avait une gestuelle unique mais pas que : il était réellement différent, il ne pensait pas comme les autres. Il était une exception parmi les exceptions qu'étaient les champions de tennis de son époque. Et l'année 1984 fut son chef d'oeuvre : il ne perdit que trois matches cette année-là. Et malheureusement pour lui, la finale de Roland-Garros fut un de ces matches... Il le regrette encore aujourd'hui. S'il l'avait gagné, il aurait réalisé le Grand Chelem cette année-là. En effet, par la suite, il a écrabouillé tout le monde à Wimbledon et à l'US Open et il se serait sûrement déplacé en Australie à la fin de l'année (de 1976 à 1985 l'open d'Australie se déroulait en novembre/décembre et les meilleurs joueurs ne prenaient pas la peine de le disputer) pour parachever ce Grand Chelem qui n'a été réalisé que par deux hommes dans l'histoire du tennis, Donald Budge en 1938 et Rod Laver en 1962 et 1969. Cela l'aurait placé beaucoup plus haut dans le panthéon du tennis.

Enfin pour ceux qui trouvaient McEnroe antipathique, ce documentaire, qui porte bien son titre permet de ressentir le pourquoi du comment il était comme cela.

Je conseille ce film, aux fans de McEnroe, de tennis et à ceux que les techniques de cinéma intéressent.