On dit de l'érotisme qu'il est la version soft (certains diront "intellectuelle") de la pornographie. Qu'il suggère, là où cette dernière révèle tout et comble le désir sexuel. Il est curieux que L'Empire des sens ait échappé à la catégorie du film X, pourtant fraîchement instituée sous VGE (paix à son âme) au début de l'année de sa sortie, en 1976. Sans doute est-ce la co-production franco-japonaise signée Anatole Dauman, grand ami d'Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque, lui-même en odeur de sainteté auprès de la gauche de l'époque, qui a sauvé le film de ce destin peu reluisant.
J'ai lu après coup que l'histoire est inspirée d'un fait divers des années 1930 qui s'est produit au Japon. Télérama m'a ouvert les yeux sur des thématiques que la médiocrité de Nagisa Oshima n'avait pu mettre en évidence durant le film. C'est un incapable chronique : les décors font toc, les acteurs jouent mal, la narration est inexistante et les dialogues n'ont rien à envier au premier hard glané sur le net. Quelques morceaux de shamisen pour donner un cachet authentique, sans oublier les geishas et les kimonos. Le tout transpire l'académisme, le formalisme le plus pompier qui soit. En tout cas, à des années-lumières de l'esthétisme vanté dans les quelques critiques positives que j'ai lues.
Quant aux pratiques déviantes qui se succèdent à l'écran, certes la plupart choquent, mais dans quel but ? Autant je vois d'emblée où voulait en venir Pasolini dans Salò, le contexte était posé et la critique franchement orientée. Mais là ? Peut-être fallait-il être né du temps des baby boomers et de la libération sexuelle pour apprécier ce que ce film avait de contestataire.