Elle est candide, pétillante, imprévisible, belle, une vraie lolita. Elle, c'est Eliane Wieck, le personnage interprétée par Isabelle Adjani. Au visionnage du film on imagine mal qui, mieux que l'actrice, aurait pu incarner ce rôle sulfureux. Valérie Kaprisky fut, un temps, envisagée face au refus d'Adjani, avant que celle ci ne change d'avis au dernier moment. L'évidence est là : sans elle le film aurait été tout autre, Jean Becker le savait, c'est pour ça qu'il n'a pensé qu'à elle pour le rôle. La tension sexuelle qu'elle dégage est permanente, électrisante, ne pas tomber amoureux est difficile, le personnage de Souchon en fait l'amer l'expérience.

Il représente d'ailleurs son antithèse. Elle est sauvage, il est tranquille, elle est bavarde, il est taiseux. Les dialogues entre eux sont vifs, passionnés, conflictuels, ils ont un goût d'improvisé. L'amour est pourtant au rendez vous, Becker dissimule la tempête à venir par une introduction lumineuse, un esprit de campagne, un soleil permanent, on se croirait en train de regarder un téléfilm estival ou de lire un roman d'été. C'est justement le cas : L'été meurtrier est tiré d'un roman traitant d'un fait divers authentique. Certains changements ont été faits mais l'essence du livre est là : intrigues passionnelles, mystères familiaux, le drame tarde à s'exprimer (certaines longueurs) mais pointe le bout de son nez.

Le cinéaste alterne les points de vus, les voix off, comme autant de narrateurs au cœur de son processus narratif. C'est long, on nous convainc néanmoins que c'est indispensable pour donner vie à l'ampleur dramaturgique voulu par Becker. L'été meurtrier s'emballe cependant trop tardivement, laissant la désagréable impression de se filmer le nombril, ou plutôt celui de son actrice vedette, qui est de tous les plans : en robe, nue (la plupart du temps) ou en pleure, elle est de tous les états. Elle crève cependant l'écran (césar de la meilleure actrice) et nous rappelle, par son interprétation, qu'elle grand actrice elle fait. Et dire qu'elle a failli refuser le rôle...
Nicolas_Chausso
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le 16 juin 2013

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