Généralement je ne parle que des films qui m’ont plu, je ne vois pas l’intérêt de parler de ceux que je n’ai pas aimé… Vous noterez l’emploi du terme « que je n’ai pas aimé » et non de « film de merde » car je n’ai pas la science infuse et je respecte les goûts et les couleurs.
Mais là non, on atteint tellement un plafond dans le néant que les goûts n’entrent plus en ligne de compte.


Je me dois d’en parler car ici on a à faire à un cas d’école. J’ai vu très peu de films qui cumulaient absolument tous les défauts possibles au cinéma, ici la prouesse est atteinte ; je peux donc fièrement terminer mon top 3 des « prétendus chefs-d’œuvre qui sont en fait des grosses merdes prétentieuses et chiantes comme la pluie » avec « La source » d’Ingmar Bergman et « Mort à Venise » de Luchino Visconti. Youpi.


En gros le speech :
Isaac, un photographe, est appelé en pleine nuit pour aller faire une photo d’Angelica, une jeune fille qui vient de décéder, par sa mère qui souhaite un dernier portrait d’elle avant de l’enterrer (on passera outre le mauvais goût de la demande). À l'instant où il règle son cadrage, il voit le visage de la jeune femme s'animer et en tombe instantanément amoureux. De retour chez lui le phénomène se reproduit sur les photographies développées : Angélica lui apparaît vivante. Envoûté, Isaac sombre alors dans une profonde mélancolie, s'isole du monde extérieur et en vient à souhaiter la mort pour lui-même.


Alors déjà petite parenthèse : C’est quoi le message Isaac ? « Angelica, t’es belle, je t’aime…CQFD » Ok, mais c’est tout ? On creuse pas plus ? Je ne sais pas, t’as pas envie de savoir quel genre de personne c’était par exemple ? Et t’en a rien à foutre du fait qu’elle était mariée et enceinte ? Non ? Ah bon…
Mais bon admettons ! C’est un coup de foudre toussa toussa, j’ai l’esprit ouvert, passons.


Au sujet de la caméra … Trop de plans fixes, tue le plan fixe. Pourtant j’aime cette façon de filmer, ça tranche avec cette mode moisie du cinéma épileptique avec des cuts toutes les secondes et demi et ça permet une meilleure immersion, mais là non… Le plan fixe, ça se dose et surtout ça se cadre.
Et la musique on en parle ou pas ? Ah bah non, y’en a pas. Ça c’est fait.
Mais surtout, SURTOUT, on se fait chier comme jamais. L’ennui étant la seule émotion que le cinéma ne doit pas provoquer, cela suffirait en soit à en faire un film raté mais non, ça continu encore et encore (c’est que le début d’accord, d’accord)… Ce qui me gonfle c’est que sous prétexte que le film est estampillé Oliveira, on crie au génie alors que si il avait été pondu par un illustre inconnu, le film aurait été taillé par la critique et serait instantanément tombé dans un oubli mérité.


En ce qui concerne le fond et la forme, ici pas de souci, il n’y a ni fond ni forme. L’intrigue est creuse, pour ne pas dire inexistante, tous les protagonistes ont l’air d’être sous prozac et les dialogues sont d’une médiocrité difficile à égaler, on en est mal à l’aise.
Ce genre de film est prétendument incritiquable parce que c’est un film poétique sur « le beau. »
… Et donc ça l’exonère de toute forme de cohérence et de travail scénaristique ou artistique ? Je suis très sensible à la poésie cinématographique mais là non, il ne faut pas confondre poésie et branlette.


Les ailes du désir de Win Wenders par exemple, c’est de la poésie, ça c’est de la branlette.


Il y a au cinéma une infinité de moyens de montrer la mort et la beauté de manière élégante ou même juste suggérée. Là non, la flemme, on met un film avec des effets spéciaux fait sous Microsoft Excel. J’ai lu moult conneries à ce sujet telles que « c’est un hommage au vieux cinéma gnagnaga, c’est plein de clins d’œil à Mankiewicz et à Hitchcock » … Alors déjà, c’est faux et ensuite en termes d’effets spéciaux, Fritz Lang faisait infiniment mieux dans les années 20. Ce que je critique là ce n’est pas la technique, c’est l’absence absolue d’audace artistique.


J’ai même écrit ce superbe poème en rimes suivies et croisées pour appuyer mon propos :


Une intrigue ? Des rebondissements ? Une logique ? … pour quoi faire ?
Il y aura toujours des péteux pour se complaire.
Pas de rythme, ni de forme, ni de fond ?
Mais qu’importe la bouse, pourvu qu’on ait un nom


Mais maître, attention tout de même aux nuances
Vous confondez l’épuré et l’insuffisance
Vous confondez le contemplatif et le chiant.
Vous confondez le poétique et le pédant


Qu’importe les cinéphiles qui se la pètent
Tout est pauvre, triste, creux, anémique
Point trop n’en faut de pédants et de branlettes
A l’esprit, un seul mot me vient … Merdique


Comme quoi la poésie de comptoir, n’importe qui peut en faire …


Je recommande ce film à tout le monde, juste pour l’expérience, pour voir ce que c’est qu’un mauvais film. Pas un nanard, pas un navet devant lesquels on peut avoir un regard bienveillant et quand même passer un bon moment, mais un VRAI mauvais film, car à ce niveau-là, effectivement, c’est de l’art.
Et je ne citerai pas de grands auteurs pour appuyer ma diatribe, je me contenterais de paraphraser Karadoc : « Y’a rien à développer, c’est de la merde c’est tout ».

Bibilolo01
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le 20 avr. 2019

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Bibilolo01

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