L'Étrange couleur des larmes de ton corps par Sophia
Etrangeté filmique, le dernier né d'Hélène Cattet et Bruno Forzani, les géniteurs du sublime Amer, est un espèce de vilain petit canard, oscillant entre expérimental complètement barré, espèce hybride à mi chemin entre le travail de Gaspard Noé et celui d'un David Lynch plus porté sur les fantasmes que les rêves, le tout revu à la française avec un budget serré parfois visible, manque de moyen cruel dans la lumière, les cadres qu'on aurait souhaité plus soigner, donc avec plus de temps, plus de matériel, le tout dans une atmosphère complètement Argentesque. L'étrange couleur des larmes de ton corps est directement hérité de Suspiria. Presque trop. Le film ne pouvant que souffrir de la comparaison.
Il y a un côté un peu "bâtard" du début à la fin, des prises de vues souvent inégales, parfois frôlant le sublime, parfois frôlant le désastre, en revanche au niveau du son, L'étrange couleur des larmes de ton coeur vient frotter du verre pillé contre nos oreilles, ça saigne, ça fait mal, s'en est sublime. Abyssale, jusqu'au boutiste, effleurant souvent le chef d'oeuvre pour soudainement brusquement s'en éloigner, on sent une oeuvre qui se cherche, des auteurs loin de se contenter de faire ce qu'ils sont capables de faire poussent leur art dans son retranchement, quitte à s'en tirer avec quelques bosses par ci par là. Il y a de l'audace, il y a de l'arrogance, et sans nul doute de l'insolence. Mais s'en est beau. Et cela finit par nous emporter dans ce monde étrange, plein de couleur, de cris et de chuchotements.