Ce film a suscité en moi un grand intérêt. La promesse d'un thriller implacable doublé d'une passionnante étude des arcanes du pouvoir était pour moi particulièrement alléchante. Mais j'ai été assez déçu, parce qu'on en est loin.
Les coulisses du pouvoir en tant que telles ne sont au final montrées qu'assez succinctement. Alors que dans le même temps, de nombreuses scènes bizarroïdes, allégoriques, parfois presque grotesques mettent le spectateur mal à l'aise, et installent une ambiance malsaine, à grand renfort de scènes crues d'accidents, de rêves chelous et de musique angoissante. A cet égard la scène d'ouverture et la scène de l'accident, que d'aucuns semblent considérer comme les meilleures du film, m'ont passablement déplues (après, chacun ses goûts).
Ce malaise est probablement recherché par le réalisateur, qui montre les turpitudes d'un homme, ministre des transport, englouti par sa fonction, par les sacrifices qu'il doit faire pour exercer un pouvoir qu'il n'a pas, pris de court par une réforme (la privatisation des gares) à laquelle il est opposé mais qu'il doit se contraindre à mettre en place pour garder sa place.
La principale qualité du film est à mon sens de montrer une certaine vacuité du service d'un Etat qui a perdu de sa superbe, où les ministres ne valent plus rien, et ne sont que des VRP présidentiels. A cet égard l'omniprésence de la conseillère en communication est révélatrice de la tendance actuelle qui veut que les politiques communiquent plus qu'ils ne gouvernent. Le film est encore plus explicite lors d'une scène où un énarque quitte la sphère publique pour le groupe Vinci et justifie son pantouflage par le déplacement des centres de pouvoir.
Il y a de bons moments dans ce film, notamment ce qui touche au fonctionnement quotidien du ministère. Les acteurs sont talentueux, Michel Blanc (le directeur de cabinet) et Olivier Gourmet (le ministre) sont convaincants. Mais le film sonne parfois un peu faux. On ne comprend pas toujours où il veut en venir.
Le tout donne un film sombre, étrange, pesant, confus et hélas ennuyeux.