Comme pour « la vallée de la peur » de Raoul Walsch, « l’homme aux colts d’or » prend ses sources dans la tragédie grecque.Il y ajoute la violence à tendance masochiste (la main poignardée) et des dialogues souvent en marge de l’histoire.Le scénario brosse un portrait de shérif très documenté ; son Clay Blaisdell n’est pas un marschall fougueux et intègre, il serait plutôt légèrement souteneur sur les bords, et peu respectueux des traditions.Le révolver prend une importance toute symbolique dans le film : celui qui sait s’en servir ne trouve jamais de survivant pour témoigner de sa rapidité. C’est dire que "l’homme aux colts d’or » déploie une curieuse panoplie de traitres, de lâches et autres « héros » répugnants, mais sans cependant jamais tomber dans l’écueil des excès psychédéliques des westerns spaghettis italien de la décennie suivante.Dans cette Amérique de 1865, les redresseurs de torts font souvent penser à des tueurs à gage.Mais la justice veille et- petit cours de droit constitutionnel,- la tyrannie d’un homme providentiel,même virtuelle- étant toujours plus périlleuse pour la démocratie que celle d’une bande de hors la loi, la morale de l’histoire nous prévient que seul le droit peut être garant a la fois des libertés individuelles et de la sécurité collective. Belle leçon civique, grand film politique et western classieux d'une superbe élégance formelle.