McQueown,puissant patron de ranch,terrifie la ville de Warlock avec ses cow-boys qui y multiplient les méfaits sans que les shérifs successifs,submergés par le nombre des agresseurs,ne parviennent à s'y opposer.Excédés,les notables locaux décident d'engager un prévôt chargé de rétablir l'ordre et leur choix se porte sur Clay Blaisedell,un des as de la spécialité,réputé pour être un tueur sans états d'âme.Edward Dmytryk produit et réalise ce classique du western en se basant sur un scénario de Robert Alan Aurthur s'inspirant d'un roman d'Oakley Hall,car le genre adapte souvent des bouquins.On est ici dans le western psychologique et la violence,si elle est en permanence sous-jacente,s'y exprime finalement assez peu,les auteurs préférant se concentrer sur les rouages mentaux de personnages qui sont tous assez perturbés et sur leurs interactions complexes.Ainsi les habitants de Warlock se révèlent-ils indécis et versatiles,craignant autant Clay qu'ils ont besoin de lui et redoutant qu'après avoir nettoyé le secteur il ne prenne le contrôle de la ville.En ce sens on peut mesurer ce qu'un film comme "L'homme des hautes plaines" doit à "L'homme aux colts d'or".Blaisedell,raide comme la justice,est un type droit et plus torturé par son statut de flingueur qu'il ne le prétend.D'une manière générale il préfère éviter les tueries mais il a affaire à des adversaires peu raisonnables que seules les balles peuvent calmer.C'est là que l'histoire développe une réflexion sur la loi et l'usage qui en est fait.On sent que Dmytryk et Aurthur,des progressistes bon teint,sont tentés de renvoyer dos à dos le prévôt et les bandits pour mettre en avant la figure de Gannon,un ancien membre du gang McQuown qui,repenti,a accepté le poste de shérif suppléant.Sauf que la démonstration n'est guère probante et que le gars n'a pas plus les moyens de lutter contre le crime que les autres marshalls.Que ce soit les représentants officiels de la Loi qui doivent agir,c'est certain,mais encore faut-il qu'ils aient la possibilité d'exercer leur autorité.En attendant,vu le contexte,un tueur à gages comme Blaisedell est plus indiqué.Tout ceci est compliqué par la relation ambigüe entre Clay et son vieil ami Morgan,qui le suit partout et le seconde.Le mec est un boîteux manipulateur et un tireur extrêmement efficace,doublé d'un alcoolique cynique.On a beaucoup glosé sur le sous-texte homosexuel impliqué par les rapports entre les deux hommes,et de fait il parait évident,même s'il ne se traduit pas physiquement.Morgan éprouve pour son complice des sentiments qui vont clairement au-delà de l'amitié,et il préfèrera la mort à l'abandon de la poursuite de leur vie d'aventures itinérante lorsque Blaisedell le "trahira" pour une femme,et Clay lui-même réalisera son attachement à Tom au décès de celui-ci.La place subalterne des filles dans cet environnement très viril est également définie car,en dépit de personnages féminins forts,elles subiront les évènements.Lily n'obtiendra pas sa vengeance,ou plutôt elle l'aura d'une certaine manière mais,ironiquement,au moment où elle y aura renoncé.Elle du moins trouve l'amour,contrairement à Jessie qui sera sacrifiée sur l'autel du craquage final de Clay.Il y a peu de décors mais ils sont habilement utilisés par un Dmytryk au métier solide qui joue du Cinémascope,de la profondeur de champ et des plongées-contre-plongées avec dextérité,et on est emporté par les errements,les volte-faces,les trahisons,les sentiments contradictoires et les oppositions de protagonistes qui évoluent constamment,même si c'est parfois au prix d'un moralisme grandiloquent.Le casting est fabuleux,avec en tête de gondole un Henry Fonda bluffant en assassin stipendié qui,après avoir vu vaciller ses certitudes,décidera de ne pas changer,contrairement au Gannon incarné par Richard Widmark,qui tournera le dos à la criminalité pour passer du bon côté de la barrière.Les deux acteurs semblent à contre-emploi,Fonda étant plutôt versé habituellement dans les "bons" personnages et Widmark dans les méchants,et le premier,magistral,s'en tire bien mieux que le second,peu crédible en repenti naïf.Anthony Quinn effectue un grand numéro en handicapé désespéré aux passions troubles,son duo avec Fonda constituant un sommet du psychowestern.Dorothy Malone est très bien dans le rôle de Lily,ex prostituée et ex compagne malheureuse de Morgan,qui trouvera la tranquillité qu'elle avait au fond toujours désirée auprès de Gannon.Dolores Michaels est en revanche peu convaincante en oie blanche s'amourachant du sulfureux Blaisedell,et sa beauté est relative.Parmi les seconds couteaux se distingue DeForest Kelley,qui a tourné pas mal de westerns avant de devenir un personnage important de "Star Trek" et qui contribue ici à montrer l'ambivalence des caractères,qui s'étend même aux membres de la mauvaise troupe de McQuown.

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le 27 oct. 2021

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