Après La isla mínima (2014) dont l’action se situait dans une Espagne post-franquiste, démocratie naissante encore fragile, Alberto Rodríguez s’empare, au cœur des années 90, du scandale politico-financier qui provoqua la destitution du Premier ministre Felipe González.
Cette affaire de détournement de fonds publics est complexe et encore nébuleuse aujourd’hui. Les évènements, racontés en voix-off par un des protagonistes, sont perçus du point de vue d'un ex-agent secret (Eduard Fernández, Prix du meilleur acteur au festival San Sebastian 2016) engagé pour résoudre cette affaire et qui va jouer double jeu.
La isla mínima et L’homme aux mille visages appartiennent au même genre cinématographique du thriller. Mais ici, le thriller livré frise par instant le film d’espionnage et a été récompensé en 2017 de deux Goya, celui de la meilleure adaptation et celui de la meilleure révélation masculine pour Carlos Santos. À l’image de son personnage central, ce film choral se révèle manipulateur en multipliant les chausse-trappes. Si les nombreuses informations dont certaines sont sciemment mensongères ou contradictoires désamorcent la tension du film, elles attestent d’une mécanique narrative efficace déjà perçue dans La isla mínima.