Gary Vengeur

L'Homme de l'Ouest est le septième western d'Anthony Mann que je regarde et la septième franche réussite du bonhomme. Et c'est un opus qui renouvelle un peu la recette que je lui connais, puisque si l'on y retrouve la colonne vertébrale dramaturgique de la majorité de ses précédents westerns (un alpha solitaire et taciturne au passé que l'on devine rapidement trouble débarque quelque part où il se fera lâchement et injustement bolosser par des brigands, l'obligeant à ressortir à contrecœur le colt pour traquer ses agresseurs, qui comprendront rapidement qu'ils ont fait chier le mauvais type) et la même efficacité dans l'application (intrigue sommaire et exécution exemplaire, le film est plié en une heure trente sans une once de gras), le film est aussi d'une violence morale surprenante, puisqu'il présente deux scènes d'humiliation assez pénibles et fait subir un viol (en hors-champ toutefois) à son personnage féminin. Des séquences éprouvantes qui font de ce western le plus noir de Mann – un constat d'autant plus surprenant que son prédécesseur The Tin Star était lui son plus léger et aimable. M'enfin les deux étant aussi réussis l'un que l'autre, j'aurais bien du mal à les départager et à dire lequel je préfère (disons que ma réponse dépendra de mon humeur du jour).

Un mot quand même sur Gary Cooper, fascinant dans le rôle de l'alpha-taiseux-dont-sombre-est-le-passé habituellement dévolu à James Stewart chez Mann. Vieillissant et paraît-il déjà affaibli par le cancer qui l'emportera trois ans plus tard, l'acteur fait montre d'un charisme incandescent. Un gros plan sur son visage fermé et son regard de tueur suffit à te faire comprendre que les méchants ne s'en sortiront pas. Méchants d'ailleurs absolument détestables, que Mann arrive comme d'habitude à te faire abhorrer en deux trois scènes pour ensuite prendre un plaisir absolument fou à les voir se faire flinguer.

Un très bon moment, donc.