Itsy bitsy spider.

Les dents de la mer avait lancé la mode des films d'attaques animales, et après le requin, vient souvent se placer l'araignée, qui bien qu'elle soit l'emblème de Spiderman soit aussi la bestiole qui nous fait frémir dès que ses huit grosses pattes velues se mettent en mouvement. Partant de ce postulat, pas très dur de faire un film d'horreur/épouvante pour nous flanquer la frousse, et sur ce plan, L'horrible invasion est une production franchement satisfaisante, mais ayant pris un incroyable coup de vieux. Certes la présence des arachnides, réellement nombreuses, nous fait blêmir, mais pour le reste, c'est fréquemment la totale rigolade. William Shatner est diaboliquement drôle en véto cow-boy en chemise rose, sautillant tout en courant pour éviter les araignées. Le montage est quant à lui typiquement d'époque, musique avec violons dissonants et gros plans sur les yeux figés, cela ajouté à une mise en scène hilarante avec des moments de panique générale où tout le monde fait mine de tomber de façon aussi crédible que dans Star Trek dès que l'Entreprise reçoit un tir de phaser.

Bref, L'horrible invasion est probablement la meilleure oeuvre du genre, malgré son côté démesurément vintage. Ça tâche dans tous les sens à cause du rétro, mais force est de constater qu'au final les situations de rencontre entre les humains et les araignées font à chaque instants froid dans le dos. Les acteurs manipulent les insectes au début du film comme si c'étaient de simples cookies (alors que nous on hurle « oh putain ! » dans notre canapé), puis ils se retrouvent à de multiples reprises recouverts par eux, et si ça ça ne vous fait pas froid dans le dos, c'est que vous êtes un arachnophile au dernier degré.
Il reste d'ailleurs indéniable que les dresseurs ont fait un véritable travail de folie. La production aurait pu se limiter à n'afficher que des plans serrés pour simplifier la mise en scène et virer totalement B-movie, mais que nenni, les plans larges sont légion, et ces vues sur des centaines d'araignées figureront parmi les plus efficaces et impressionnantes du genre.
Le gros regret reste son final, loin d'un happy-end, mais dont la toile (dans tous les sens du terme) utilisée en guise d'effet-spécial sera l'ultime fausse note qui fera une nouvelle fois rire.
Pour conclure, si les films à base d'arachnophobie vous plaisent, vous aurez là une des meilleures oeuvres du genre, qui malgré son âge, se laisse suivre avec intérêt tout en comptant son lot d'effets qui porteront leurs fruits. Si à l'inverse les araignées vous laissent de glace, il vous sera difficile d'y adhérer, si ce n'est pour les instants d'humour involontaires qu'elle véhicule.
Mention spéciale pour le travail fait avec les araignées (il y en avait en tout 5000 !). Tout est calculé au millimètre prêt et cela est illustré dès le début avec un séquence où l'un des protagonistes claque la porte au nez de l'une d'elles qui tombe à la renverse.