L'Île de Giovanni
7.2
L'Île de Giovanni

Long-métrage d'animation de Mizuho Nishikubo (2014)

L'île de Giovanni est un film d'animation japonais réalisé par Mizuho Nishikubo. En s'inspirant des faits historiques qui ont nourrit son éducation, il nous livre son histoire par le biais de deux jeunes frères: Junpei et Kanta. Junpei, nous narre cette histoire au travers de deux époques. L'une est celle où il est âgé d'à peine 10 ans, soumis à l'oppression soviétique qui annexe son île à la fin de la seconde guerre en 1945. Et l'autre, cinquante années plus tard, du point de vue du vieux monsieur qu'il est devenu, hanté par ses souvenirs d'enfant, obligé de revivre son passé le temps d'un instant. Et c'est durant cet instant que l'histoire commence...


Et elle commence bien... L'approche se veut poétique pendant tout le déroulement de la présentation des personnages et de leur île, puisque le récit se nourrit d'une référence littéraire des plus pertinente. Il s'agit de la nouvelle "Train de nuit dans la Voie lactée" de Kenji Miyazawa écrit en 1927. Ce conte magique, merveilleux puis dramatique donne une absolue crédibilité au scénario, qui par ailleurs, n'en manque pas.


En effet, l'histoire, qui se situe dans un premier temps sur l'île de Chikotan, raconte la vie ou plutôt la survie des japonais résident ici, pendant l'arrivée des soviétiques dans leurs grosses bottes, leurs costumes de militaires et leurs menaçants fusils.


Les bases sont alors posées et l'histoire s'enchaîne entre suspense haletant, rebondissements impétueux et dénouement tragique. Un scénario solidement ficelé qui ne s'égare jamais. Nous présentant des personnages tels que: le père, le grand-père, le tonton vagabond immortel, la maîtresse d'école et la fille du général russe, qui cohabite avec Junpei et Kanta. Chacun d'entre eux apportent une authentique profondeur au film. Film qui ne tarit pas de sens moral aux valeurs telles que la famille, l'indifférence, l'entre-aide, l'amour, l'amitié, le courage, l'acceptation de l'autre et la dignité, entre autres...


Et l'on comprend l'évident engouement de la critique qui a reçu ce film comme il se doit en le couronnant au festival du film d'animation d'Annecy en 2014 ainsi qu'en nominant Mizuho Nishikubo avec des prix bien mérités.


Il est vrai que l'histoire apportée par Mizuho Nishikubo reste terriblement fidèle à la réalité et se veut éducative et poignante. Éducative oui, car comme bons nombre d'occidentaux, j'ignorais bien des choses sur ce côté de l'histoire. Poignante aussi car si la période nous rappelle l'idéo initiale de cette guerre, nous ne sommes pas sans savoir qu'elle fut purgative. Des morts, il y en a eut. Et cet animé nous le montre sans vergogne. En ces temps, bien-sûr qu'elle brillait au sein de chaque famille. C'est alors qu'à la demie-heure, l'histoire prend une tournure plus sombre avec un ton émouvant qu'il gardera jusqu'à la fin.


Et même si certaines scènes du début rendues amusantes de part le dessin, nous n'oublions pas la face cachée immuable en la vie si fragile soit-elle.
Ce qui me rend à traiter du dessin justement. Alors, parlons-en!


Le soucieux détail accordé aux paysages, au décor est absolument somptueux et nous envoûte dans la magie, l'innocence et la flagrance poignante de l'enfance. Puis, il y a le dessin des personnages. Et là se trouve mon "mais"... Car, si le film est absolument parfait en tous points, je dois néanmoins en soulever un, qui en a gêné certains tout autant que moi. Il est vrai que j'ai pu en constater l'effet en lisant quelques critiques qui ne traitait que de ça. Bien que voulu par l'auteur du fait d'un souci d'époque, les contours des personnages se veulent un poil simplistes. Du nez en passant par les oreilles, ces divers petits détails m'ont peut être par moment empêché de m’imprégner totalement de quelques plans du film. Et même si l'auteur a décidé comme étant de bon goût le fait de donné cette patte rétro aux personnages, je me dois d'être impartial vis à vis d'autres œuvres que j'ai critiqué. Et oui, c'est un film de 2014 et non pas de 1945. C'est pour cette raison que j'ai trouvé cela dommage!


Au moment du générique de fin, sur fond de musique mélodramatique, versant mes dernières larmes, je me voyais lui octroyer la bonne note de 9/10. C'est en prenant du recul, le lendemain que je relève ce "mais" concernant quelques simplifications du dessin des personnages.


Mais... loin d'être irrévocable cependant, je dirais en une phrase que ce film d'animation signé Mizuho Nishikubo fut pour moi une surprenante découverte. Il est simplement, l'exceptionnel histoire de Giovanni et Campanella (Junpei et Kanta) en japonais, traversant les déboires de leur jeune vie sur fond d'oppression soviétique. Originale, trépidante, monumentale, poignante, définissable en un mot: Bouleversante!


Ainsi, il se rend à la quatrième place de mon top 50.

Baba2211
8
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le 2 nov. 2018

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Baba Just Baba

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