Comme Sam Mendes quelques années après lui, De Palma tue le suspens (et son héros) dès la première scène : Carlito se meurt. Le suspens tient à la façon dont la mort va arriver : Si Carlito se range des bagnoles, comment le sort s'acharne t-il sur lui ?
L'impasse possède la grande force d'un film à thèse : il montre un exemple sans asséner le propos. Ici, la fatalité, le destin, semblent inéluctables et Al Pacino, durant deux heures, nous fait peu pou prou l'effet d'un oiseau mazouté se débattant dans une mer de pétrole.
Porté par la caméra virevoltante de De Palma (les panoramiques avec la caméra au milieu de la table), l'impasse est un film sombre, renforcé par les paillettes et la coke, superbement servi par des acteurs magistraux (Al Pacino, Sean Penn, Viggo Mortensen dans un petit rôle). La quintessence du film noir.
LA FIN, RACONTÉE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ / EMMERDER VOTRE VOISIN / S'EN SOUVENIR :
Carlito meurt, mais ça on le sait depuis le début. En fait il témoigne d'une propension tout à fait extraordinaire à se mettre dans la merde. Son pote et avocat Kleinfeld, qui l'a sorti de prison, lui demande de l'aide pour l'évasion d'un prisonnier, parrain de la mafia. En fait, Kleinfeld a volé un million de dollars audit parrain, et profite de "l'évasion" pour le buter avec son fils.
Carlito pense avoir échappé à la famille, mais sur le quai du train qui doit l'emmener en Floride avec son amie, trahi par son homme de main, il se fait descendre par une petite frappe qu'il avait humilié dans son club.
Quelques heures auparavant, il avait refusé l'appui de la justice pour coincer Kleinfeld.
Carlito voulait se racheter, il a été inexorablement rattrapé par son passé et ses idéaux à la noix, même quand tout le monde le piétine. Noir c'est noir.