Chevelure parfaitement coiffée, barbe de 3 jours rasée de près, Carlito Brigante est un homme neuf lors de sa sortie de prison et veut le faire savoir. Ancien gros trafiquant de drogue, il veut faire table rase de son passé pour tout reprendre tout à zéro. Avec un age certain, il est un peu trop vieux pour ses conneries, il se rend compte que les affaires ne l'intéressent plus et la jeunesse n'a plus la moralité que pouvait avoir un ancien mafieux comme lui. L'impasse voit le tragique destin de cet homme, qui malgré ses efforts pour rallier le bon chemin, se verra prendre à défaut par sa propre ligne de conduite dans un monde qui raisonne sans règles et sans contours.


Scénario écrit par David Koepp, L'impasse mise plus sur l'efficacité que la complexité. C'est donc dans cette optique, qu'on voit s'aligner des personnages bien écrits mais présentant peu de surprise, à l'image de l'avocat Kleinfeld avec les yeux plus gros que le ventre allant inévitablement droit dans le mur et la gentille danseuse bas de gamme Gail qui représente le nouveau départ amorcé par Carlito.


Mais en grattant la surface du long métrage de Brian de Palma, on se rend vite compte de la richesse de cette tragédie teintée d'une certaine nostalgie. Oublié le Tony Montana à la folie frénétique presque grandiloquente, De Palma laisse place à l'introspection d'un homme usé presque brisé par la vie.


Derrière son sujet sur le grand banditisme, L'impasse n'est pas un film de gangster comme les autres, et préfère se concentrer de façon lente et presque contemplative sur le vieillissement d'un homme et cette amertume qui anime Carlito Brigante face à une société qui change et qui anoblit des codes qui ne sont pas le siens. L'impasse est porté par deux hommes qui élèvent leur talent à des sommets presque inatteignables.


Premièrement Al Pacino est incroyable de charisme, entre malice du vieux gangsters à qui on ne fait pas la grimace (la première scène d'embuscade et du billard) et homme à fleur de peau constitué de cicatrices sur sa vie et sa jeunesse qui ne se refermeront jamais et qui font l'homme qui l'est. Puis Brian de Palma, le réalisateur, exalte son film avec une reconstitution d'époque raffinée et des décors tous plus époustouflants les uns que les autres.


Sa réalisation parfois kitch et cheap se fait plus sobre mais pas moins sublime notamment grâce à des mouvements de caméras géniaux (le début du film) ou la présence de couleurs criardes qui électrisent ces grandes soirées de Night Club. L'impasse est le mélancolique testament d'un homme, qui entre bien et mal, entre rédemption et code d'honneur, reste inévitablement enfermé au milieu d'une spirale irréparable.

Velvetman
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le 26 févr. 2014

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Velvetman

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