Difficile pour un hétéro comme moi d'apprécier ce film aux qualités plastiques évidentes : le décor est somptueux, les acteurs plutôt convaincants, certains échanges notamment avec l'hétéro-mateur (dont la sexualité reste ambiguë), tout cela contribue à rendre le film assez appréciable. Mais le festival de scènes crues, sexes en érection, dégoupillage de gonades, branlettes et éjaculations en gros plan donnent forcément l'impression de mater un porno gay, esthétiquement soigné certes et je me réjouis de ne pas avoir du subir ces scènes au cinéma. Faisant fi de mes préjugés démodés (les homos sont comme tout le monde, ils n'aspirent qu'à la normalité, former un couple et être fidèles ; c'est bien ce qu'on nous martèle depuis quelques temps) - je suis bien obligé de constater dans ce film que l'obsession sexuelle est inhérente chez les homosexuels même si ces personnages ne représentent pas forcément toute la population achrienne. Car il n'est point question d'amour (à part pour Franck) mais bien de désir et de pulsion à assouvir constamment, dès que l'occasion se présente. Le film s'articule donc parmi quatre lieux : le parking, la plage de galets ou l'on s'observe, couilles à l'air, le bois ou l'on baise avec ou sans protection et enfin le lac assez peu fréquenté bizarrement (la faute à un silure géant comme la créature du Loch Ness). Bref, à mi-parcours, le film bascule vers une longue scène de meurtre filmée de loin à travers l'œil cinématographique de Franck. Il connait le coupable mais ses sentiments pour lui le pousse à se taire. Une enquête de police commence 3 jours après, avec la découverte du corps. Le film resserre son étau autour des quatre personnages : Franck et son amant Michel, Henri (l'observateur) et le flic, suspicieux. Je ne vais pas spoiler, les motivations du criminel restent “inconnues“ et l'aveuglement de Franck risque de se retourner contre lui et son ami Henri. Le film se termine sans dénouement réel, Franck reste seul et apeuré, la nuit qui tombe sert de fondu au noir. Une film étrange, à ne pas mettre sous tous les yeux.