The Interview, une grosse déconne qui détonne!

Critique et b-a: https://branchesculture.wordpress.com/2015/07/09/the-interview-seth-rogen-james-franco-critique-dvd/

Avec une (non-)guerre de retard, nous avons enfin pu découvrir le film qui a bien failli faire basculer les relations internationales et dont le nom fait encore froid dans le dos:… The Interview. Ou comment un tandem composé d’un animateur d’un show et de son producteur va rencontrer le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-un, et, secrètement, va devoir l’assassiner.

Dave Skylark (James Franco) n’a plus grand-chose à prouver. À la tête du Skylark Tonight, show regardé dans tout le pays, l’animateur vedette se débrouille toujours tirer le meilleur des confessions intimes des stars installées dans son fauteuil et ainsi faire le buzz. Dave ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et compte bien faire un buzz inouï, organisé avec son producteur (Seth Rogen): tendre le micro à Kim Jong-un (incarné plus vrai que nature par un étonnant Randall Park) qui se révèle être un fervent admirateur de leur émission. Le voyage est organisé, le rendez-vous pris et voilà une opportunité en or pour la… CIA (!) d’approcher le tyran et de l’… éliminer. Sauf que sur ce terrain pentu et dans ce pays en pleine propagande, les deux rois des audiences deviennent vite un duo de bras cassés. Au point de mettre en péril leur mission et d’y risquer leur amitié.

Car d’amitié, il en est question, dans ce film, mais surtout sur les plateaux de sa réalisation: entre Seth Rogen et James Franco (décidément véritable caméléon capable de tout jouer), le courant passe admirablement bien. De grosse déconne aussi, au point de donner lieu à toutes les pitreries possibles et imaginables (et notamment cette révision jouissive du clip de Kanye West sur Bound). Alors forcément, The Interview (ou L’interview qui tue en France), réalisé par Seth Rogen et son autre complice Evan Goldberg, est à leur image, parodique à l’extrême, osé aussi mais pas au point de déclencher une guerre mondiale, bien loin de là.

Mais oui, The Interview ose comme dans cette scène d’introduction absolument inouïe ou les jeunesses « Jong-unienne » interprète un grand chant anti-américain. Le ton est donné et l’escalade de violence burlesque est enclenchée. Avec quelques scènes qui valent leur pesant de cacahuètes et un tandem qui fonctionne parfaitement. Les gags sont cuculs, le rire est gras et émaille de scènes pariant sur d’excellentes idées (le cameo d’Eminem, le procédé loufoque utilisé pour assassiner Kim Jong-un, le « premier contact » avec le régime coréen, une bande originale dynamitante ou encore cette amitié forte qui se tisse entre Skylark et Kim Jong-un).

Et même si tout ne vole pas toujours très haut, le contrat est respecté pour ce film qui s’inscrit bien dans une tradition actuelle de films, un peu beauf et bien implantée ces dernières années (entre les Projet X, Borat…). Le tout réalisé avec un aplomb incontestable. Bref, un film à prendre au millième degré, un bon gros délire à l’américaine (qui aurait du rester) sans conséquence. Et tant pis si certains, même parmi les plus puissants de cette planète, n’ont pas le sens de l’humour.