Avant visionnage, j’attendais beaucoup du réalisateur dont on m’avait tant vanté le film La vie des autres que je n’ai donc pas encore vu. Les thématiques abordées auraient pu donner lieu à un chef-d’œuvre si elles avaient été exploitées avec talent. D’où ma déception, à la fin de ce premier opus qui ne me donne que très peu envie de poursuivre l’aventure.
Au-delà de cet avis péjoratif, la première partie du film m’a laissé une forte impression. D’abord d’un point de vue cinématographique avec un jeu d’acteur poétique et une scénographie envoûtante dans le décor de la ville de Dresde. On comprend que peu à peu, la société allemande est emportée par une frénésie dévorante où l’hypocrisie et le fanatisme correspondent à la norme. (Hypocrisie des infirmières, fanatisme de la jeunesse envers le führer).
La scène du bombardement de Dresde en 1945 est puissante aussi bien sur le plan technique qu’esthétique. La succession des plans est parfaitement menée, non sans une touche de sensibilité artistique qui par moment nous donne l’impression d’osciller entre le rêve et le cauchemar. Je pense ici à la séquence de la pluie de rubans d’aluminium pour brouiller les ondes, observée avec fascination par un petit garçon comme si ce qui se trouvait sous ses yeux était irréel.
Les thèmes abordés sont peu usuels dans le contexte de la Seconde guerre mondiale, ce qui a tout de suite suscité mon intérêt. Historiquement, il est question du programme Aktion 4 mené de 1939 à 1941 dans l’Allemagne hitlérienne visant à exterminer les handicapés physiques et mentaux. Culturellement, on suit l’évolution de l’art allemand du Troisième Reich à la division de l’Allemagne en passant par l’art dégénéré et le réalisme social. Au début du film, nous sommes plongés au cœur de l’exposition des artistes dégénérés présentée en 1937 dans les principales villes d’Allemagne, soit Munich, Berlin, Dresde et Hambourg. En tant que spectateur, l’exposition nous est présentée par une figure militaire faisant office de guide, ce qui nous permet de saisir comment étaient perçues les œuvres expressionnistes des peintres tels Otto Dix et V. Kandisky par la société allemande conformiste.
Mais une fois les premières scènes passées, la qualité du scénario se dégrade. L’intrigue est de plus en plus prévisible et le film enchaîne les longueurs sur fond d’histoire d’amour on ne peut plus clichée. Sans parler des ressources historiques et artistiques censées animer le film qui passent au second plan et encore … Une œuvre qui indubitablement ne s’est pas assez montrée « à la hauteur » à mon goût.