Après un petit détour très critiqué par les States avec un tournage laborieux qui était tout compte fait à l'image de son film Babylon AD, Mathieu KASSOVITZ revient en France pour porter à l'écran toute l'histoire sur la prise d'otages de 1988 sur l'ile d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. Un projet ambitieux qu'il avait dans la poche depuis 10 ans.
Là où la politique met la pression afin d'accélérer le mouvement pour libérer les otages, le capitaine du GIGN Philippe LEGORJUS très bien interprété par Mathieu KASSOVITZ va tout faire pour tenter une issue pacifique à la crise mais en pleine période électorale entre le premier ministre Jacques CHIRAC et le président François MITTERAND, l'ordre n'est pas toujours dicté par la morale ... Bon, vous l'aurez compris, il est assez difficile de juger le scénario vu que l'on ne saura jamais ce qui c'est véritablement passé et que le film est tiré de faits réels. Mais malgré un petit manque de rythme par moments et bien que l'on connaisse déjà le fin mot de l'histoire, une certaine tension s'installe. On est tellement pris au film que l'on aimerait que cela se passe autrement mais on ne peut hélas changer le court de l'histoire.
Alors après avoir vu le film, je me suis lancé dans des petites recherches autour de celui-ci que ce soit sur les news autour du long métrage, de la polémique qu'il suscite ou sur les événements de 1988 avec des articles et des vidéos rediffusant les reportages de l'époque. En se basant sur le livre La Morale et l'Action de Philippe LEGORJUS, ancien capitaine du GIGN (personnage principal du film, joué KASSOVITZ lui-même) mais aussi du bouquin Enquête sur Ouvéa. Le réalisateur a voulu nous offrir une version des faits un peu plus ouverte que celles données dans les médias à l'époque où les Kanaks passaient pour des violents (viols, décapitations etc. ...). Mais KASSOVITZ prend tout de même partie, puisque l'armée et la politique en prennent quand même pour leur grade et il nous offre une vision plus pacifique des Kanaks.
Loin des travaux forcés qu'il a subit dans sa période américaine (je vous invite à voir le making-of de son film Babylon AD intitulé Fucking Kazzovitz ICI et celui de l'Ordre et la morale ICI), le réalisateur de la Haine parait déjà plus libre et nous raconte toute l'histoire de manière efficace avec plein de bonnes idées au niveau de la mise en scène. Comme par exemple le passage de la reconstitution des événements lors de la prise d'otages des gendarmes ou encore la scène d'introduction tout simplement superbe. A savoir aussi que celui-ci n'a eu aucun soutient de l'armée contrairement au film Forces spéciales. Certains véhicules comme les blindés ou autres hélicoptères que vous voyez à l'écran on était fait en bois ... En plus, le film n'a pas été tourné en Nouvelle Calédonie et il n'y sera même pas diffusé car il a été jugé « très caricaturale et polémique ». Du coup, le tournage a eu lieu en Polynésie française.
Pour ce qui serait le seul point noir du film, je dirais qu'il réside dans la direction d'acteurs qui laisse franchement à désirer même si on peut comprendre vu que la moitié était débutant. Seul Iabe LAPACAS nous gratifie d'une belle présence à l'écran jouant en plus ici son premier rôle au cinéma (il est étudiant en droit bancaire) et campe justement le personnage d'Alphonse Dianou, son propre oncle qui était le chef des indépendantistes kanaks.
L'Ordre et la Morale marque le retour d'un réalisateur talentueux qui nous revient en forme que se soit derrière et devant la caméra. Mathieu KASSOVITZ réalise donc ici un film ambitieux et fort, un docu-fiction choc sur un sujet délicat qui a été vite oublié !
