Le lion Britannique au prise avec le Buffle Zoulou

Pour cette cinquantième critiques postées sur sens critique j’ai décidé de marquer le coup en parlant d’un film qui me tient à cœur, un grand film de guerre qui m’a marqué, Zoulouland- l’Ultime attaque ou Zulu Dawn en anglais.


En résumé :
Province du natal en 1879, le Général Chelmsford, chef des forces britanniques d’Afrique du sud, et le gouverneur de la province du Natal décident d’un commun accord d’envoyer un Ultimatum au roi des zoulous dans le but avoué de déclencher une guerre et ce sans en référer à Londres.
La première moitié du film nous présente la montée progressive des tensions et la préparation de l’invasion britannique et la seconde moitié se concentre sur le premier engagement majeur de la guerre, la bataille d’Isandlwana.


Il y a beaucoup de chose à dire et je préviens tout de suite je vais spoiler, enfin dans la mesure où l’on peut spoiler une guerre déjà conclu depuis plus d’un siècle.


Mais d’abord une petite mise en contexte : cette bataille fut un désastre, près de deux milles tués côté britannique dont une majorité de soldats européens et une poigné d’auxiliaires africains. Et le reste de la campagne fut extrêmement laborieux, obligeant l’Angleterre à rapatrier des troupes d’Inde et d’Afghanistan pour sauver l’honneur face à des sauvages noirs. C’est donc un sujet et un conflit douloureux pour les sujets de sa majesté.


La grande force du film est donc de nous amener progressivement vers une défaite britannique inévitable et retentissante, sans sombrer dans la carricature. Les officiers anglais sont arrogants mais sont aussi une bande de joyeux compagnons avec chacun son petit signe distinctif.
Leurs attitudes envers les soldats noirs sont aussi très variées, reflétant les différents points de vue possible à l’époque, du mépris au respect en passant par l’indifférence.


Globalement c’est une grande insouciance qui se dégage du camp britannique, on les croirait partie pour un piquenique, et c’est le premier indice de la défaite imminente. Ceux-ci étant nombreux et parsemés tout au long du film, via des petits dialogues, des allusions, qui nous révèle un manque flagrant de sérieux dans la préparation de l’invasion. D’un côté les officiers sont heureux d’affronter enfin un adversaire de valeur en Afrique, car les zoulous ont déjà une sacrée réputation, et de l’autre ils ne peuvent lutter contre leur mépris habituel du sauvage noir armée d’une simple lance et ignorant de l’art de la guerre de ZunTsu.


Le seul reproche qu’on pourrait faire au film est le manque de présence des zoulous dans un film qui leur donne le beau rôle, et le manque d’épaisseur de la majorité des seconds rôles. Les zoulous sont présentés rapidement comme des victimes (tout comme les soldats anglais) des machinations d’un gouverneur et d’un général en quête de gloire personnel.
Les rares scènes les montrant en dehors des combats nous présente un peuple guerrier, fier et discipliné par contraste avec la nonchalance des britanniques qui se la coule douce au natal avant d’aller se perdre dans la savane, comme pour emmerder Rousseau et son bon sauvage. Le sauvage n’est ici ni bon ni indolent, il est féroce et bien décidé à se battre pour sa terre.


Les tenues des deux camps sont superbes et sont d’époque, nous offrant une fresque historique grandiose digne des grands péplums hollywoodiens avec un grand nombre de figurants. De la bagarre à n’en plus finir, des morts héroïque et un dénouement inévitable attende les personnages lorsque l’armée zoulous grugent les forces anglaises pour fondre sur les deux milles hommes de l’arrière garde en adoptant la formation de la tête de buffle.
La bataille n’est certes pas exempte de défauts dans sa reconstitution mais reste très correcte sur l’échelle de 300 que je viens d’inventer pour les critiques de films historiques


A noter que le scénariste avait, dix ans plutôt, déjà fait un film sur la guerre du Zoulouland « Zoulou », mais sur une célèbre victoire britannique cette fois, la bataille de Rocks Drift. Le point de vue zoulou était là tout simplement absent et le ton du film très différent, la glorieuse armée de sa majesté y était montrée sous son meilleur jour. Mais les Zoulous n’y était pas pour autant dépeint comme des sauvages stupides, leurs courages étant ventés au cours du film.


Le travail de recherche historique a été très important afin de donner une reconstitution crédible à tous les niveaux, là encore des petits détails le confirme au détour d’une conversation. Et ce contrairement à la majorité des films dit historique, hein Gladiator ! Vous pourriez croire que c’est la une pique gratuite mais que nenni ! Outre que je déteste ce film celui-ci à belle et bien un lien avec notre Zoulou, la bande son.
Outre des musiques du film repompée (qui lui ont valu des ennuis d’ailleurs, ainsi qu’à son compositeur) Ridley Scot a été jusqu’à récupérer le chant de guerre des zoulous pour le mettre dans la bouche de ses germains. Je veux bien que lui aussi soit fan mais quand même des germains du 2ième siècles qui chantent « mangeons nos ennemis » en langue zoulou c’est plus de l’approximation historique, c’est de la fénéantise pour ne pas avoir à demander à une chorale de mixer un chant guerrier.


Reste l’épineuse question de la représentation au sein du film. De nos jours certains aiment bien taxer de raciste ou de misogyne des œuvres sorties de leur contexte ou de leur époque et parfois en dépit du bon sens. Alors oui les officiers britanniques sont méprisants pour la plupart d’entre eux avec leurs serviteurs et les zoulous, mais… on est en 1879 donc c’est on ne peut plus normale dans ce cadre, et pour autant leur attitude reste moins caricaturale que celle des fermiers blancs dans Django.

Des réflexions sont aussi faites sur la violence de la société zoulou et surtout de leur roi du moment Cetewayo. Certains y verront une réflexion moralisante, moi j’y vois surtout une allusion au fait qu’effectivement Cetewayo accéda au pouvoir après une violente guerre civile du a une querelle dynastique. Ou encore que la société zouloue soit effectivement violente et militariste, ce qui est un constat pas une accusation de sauvagerie. Au contraire Frédéric II aurait sans doute eu une érection en voyant un système de caste d’âge militaire appliqué à toute la société.


Et là je m’aventure dans des détails que seul un fan ou un historien peut connaitre mais c’est aussi le problème d’un tel film, il est dur de juger la représentation de la société zoulou qui en est faite sans la connaître au préalable. Sinon on risque de tomber dans le cliché et la lecture facile.
En plus Ultime Attaque est loin d’être un film de guerre caricatural issu de son époque. C’est un film éminemment triste et centré sur le point de vue britanniques, donc du perdant. Qui, plutôt que les horreurs de la guerre, dénonce la facilité et l’insouciance avec laquelle on en prend le chemin. Comment des hommes qui n’ont rien de maléfique en soit prennent les mauvaises décisions pour des raisons personnels, et ceux à tous les niveaux de la chaîne de commandement.
Le général qui divise ses forces parce qu’il ne pense pas l’ennemi capable de vaincre une armée même diminuée. Le quartier maitre qui refuse de faire des heures supplémentaires pour ouvrir à l’avance les boites de munitions. Le mec de la conta qui a décidé de livrer à l’armée de terre des munitions de la marine qui sont enfermées dans des caisson blindés trop lent à ouvrir au combat.
Tous sont responsable du désastre et en même temps sont juste des hommes.


Du coup qu’est-ce qu’il reste ? Un grand film, dans tous les sens du terme. Avec une représentation de bataille démesurée aux costumes historiques hauts en couleur. Une pléthore (presque trop) de personnages souvent attachants et aux destins tragiques.

Et un Général Chelmsford qui pleure en arrivant trop tard sur le champ de bataille, qui pleure son orgueil aussi brisé que son armée. Qui pleure pour tous les morts provoqués par son ambition folle. Et qui pleure parce qu’il n’est qu’un homme, totalement dépassé parce qu’il vient de mettre en branle.


8 impis /10

ShedaoShai
8
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le 21 sept. 2019

Critique lue 108 fois

ShedaoShai

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