Etoile des neiges, mon cœur amoureux, s’est pris au piège de tes grands yeux ! (♫ Ada ! Ada ! ♫)

N’est-il pas plus belle image que celle d’un Mathieu Amalric au regard hypnotique contemplant les blancs manteaux de neige suisses au milieu d’une pluie de flocons ? Possèdant l’espace comme personne, il incarne à la perfection la maladie d’amour d’un Dom Juan accro aux conquêtes d’un soir, puis le tourment provoqué par cette mystérieuse disparition d’une étudiante. Un personnage à la hauteur de son talent, car il est attachant autant qu’il apparaît coupable de cette sombre affaire. Et pourtant, quoi qu’on en dise, l’amour est un crime parfait…

Si le titre fait écho au célèbre thriller d’Alfred Hitchcock - Le Crime était Presque Parfait, le suspense, lui, ne sera pas de la partie autant qu’on l’aurait cru. Et pour cause : Si le début nous conforte dans l’idée d’un polar sombre et cérébral, la suite nous amène vers dans un tout autre ton, basé sur les sentiments puis les délires du héros qui n’en finit pas de voir l’étau se resserrer sur lui. Nous voici donc devant un subtil mélange des genres savamment opéré par les frères Larrieux.

Ces derniers étant avant tout des directeurs de la photographie, cela expliquerait notamment leur amour du cadre et de l’image dans lesquels ils cultivent les grands espaces et la symbolique des lieux. Opposition faîte entre la propreté de l’université Rolex Learning Center et le chalet reclu du héros parmi les somptueux massifs enneigés des montagnes helvètes, terres de jeu d’un casting royal avec aux côtés de Mathieu Amalric, Karin Viard, Denis Podalydès, Maïwenn et Sara Forestier tous aussi captivants les uns que les autres.

Plusieurs éléments symboliques viennent garnir l’intrigue : le printemps qui se fait attendre, et qui lèvera bientôt le voile sur cette affaire. Le parallèle avec l’addiction des personnages à la cigarette comme leur addiction à l’amour, qui transparaît ici comme un art suprême, au même titre que la littérature, ainsi que la diction et l’articulation des dialogues nous le laissent penser. Nous voici revenus aux mœurs antiques du langage, quand l’art de bien discourir signifiait séduire.

Si les codes du thriller ne recouvrent pas totalement le film comme nous l’attendions, celui-ci n’en demeure pas moins savamment travaillé dans son intrigue jusqu’à son émouvant final, et tenu par un Mathieu Amalric à son meilleur. Oui, certes, quelques faux raccords çà et là, une mise en scène assez faiblarde. « Pourtant, que la montagne est belle », nous dirait Jean Ferrat.
Maître-Kangourou
5

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Créée

le 22 janv. 2014

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