Les frères Larrieu ont cette étrange façon de faire un film «réaliste» qui se démarque par le contre-réalisme du jeu d’acteur, de la tragédie, de la comédie et des successions de scènes. Leur mise en scène est parfois léchée, parfois anodine. Intellectualisant le cinéma français par une approche atypique, notion ou idée caricaturée à son comble, les Larrieu prennent le contre-point de leur propre genre. En ne laissant d’autres choix qu’à leurs comédiens d’être dans le contre-jeu, ni sur-jeu, ni jeu d’acteur habité - pour en référer à la formule de Louis Jouvet : « L’acteur habite un personnage, le comédien est habité par lui. ».
Est-ce une contre-façon d’éthériser leur personnage pour n’en retirer que la quintessence… sa part la plus visible ? Sara Forestier n’est qu’une nymphomane accro de son prof. Mathieu Amalric n’est qu’un somnambule absent de sa vie. Karin Viard n’est qu’une sœur frustrée attachée aux détails insignifiants. Denis Podalydès n’est qu’un loser sans saveur, utilisé à contre-emploi. Disons que pour certains, les directeurs de casting ont préféré miser sur le rabâché - cf. Sara F. et ses rôles (géniaux au demeurant) d’éternelle égarée.
Le problème de ce film réside dans le fait qu’aucune émotion ne s’en dégage. Apprécier les protagonistes, quand bien même les détester… contre-logique ! Seule Maïwenn tire son épingle du jeu, malgré elle, par son visage contrit de son propre échec et lugubre. Elle n’a aucun talent (hormis la mise en scène) et ne le contre-prouve pas. Elle est même doublée pour les scènes de nu – et là, je dis bien LÀ, rien ne peut plus m’agacer que ce mensonge éhonté, où l’on veut nous faire croire qu’elle est bien foutue, alors qu’elle est loin d’avoir le corps de sa doublure… contre-productif !!! –, contre-performance des frangins qui ne respectent pas leur habituel cahier des charges.
Mon avis face à ce contre-film, tableau animé, reste plutôt mitigé. Ils se sont mélangés les pinceaux. La dominante caca d’oie (en terme de tonalité j’entends !) rend le métrage assez chiant à regarder… tout en restant captivé par le choix extrinsèque des réals. Une vision manifeste du cinéma qui ne peut pas leur être reprochée. C’est gonflé ! Malheureusement, l’ambition manque, l’audace est absente, ils ne contrarient pas la narration. Tout est sans effet de surprise, ils étalent du cliché (tenue de flic et arme dans le sac, waouh ! C’était tellement inattendu ?!?).
Pour leur plaidoyer… restant jusqu'au bout, le spectateur accepte d’assister à un spectacle de pantins désarticulés devant se déchaîner dans un univers clos et formaté, dont ils ne pourront jamais se soustraire. N’est-ce pas finalement ce que le cinéma impose, euh propose, en général ?
Je n’ai pas lu Philippe Djian, toutefois on y retrouve un arrière-goût du «Procès» de Kafka dans sa dramaturgie fataliste. La farce se déroule sans envie, sans ambages, elle a seulement le mérite d’exister… Contre-moi !