A Hong Kong, les films d'arts martiaux sont légion. La 36ème Chambre de Shaolin serait un des films plus importants basés sur le kung-fu, bien que je ne partage pas totalement cet avis.


Bien sûr, il y a là tout ce qu'on peut attendre d'un bon film d'arts martiaux : des personnages charismatiques un peu surjoués, des combats outranciers aux bruitages hors normes, un héros badass et techniquement remarquable, et ajoutez à cela une progression du personnage principal dans les chambres de Shaolin qui rendent certains passages passionnants.


Car oui, toute la partie entraînement est véritablement excellente, et elle représente tout de même la moitié du film, toute la partie centrale, entre l'oppression et la vengeance. Voir évoluer le personnage de Gordon Liu, qui s'endurcit, se discipline, qui apprend de nouvelles techniques comme un Son Goku accéléré, c'était plaisant.


Mais on en arrive au premier problème, c'est justement ce temps accéléré qui requiert énormément d'ellipses. Trois jours pour se décider de chambre : ellipse. Dix jours dans le coma : ellipse. Un an nettoyage, ellipse. Bien sûr qu'elles sont nécessaires, mais du coup on se retrouve dans la situation où certaines épreuves sont vite réglées, voire simplement mentionnées. Et pour chaque chambre, c'est en fait toujours le même déroulement : Gordon Liu découvre une épreuve, il échoue, il s'acharne, il finit par y arriver.


Je n'aurais pas trouvé incohérent qu'un film pareil soit plus long, car j'ai ici trop souvent l'impression qu'on veut en finir au plus vite avec certains passages. Et d'ailleurs, pourquoi demander trois jours de réflexion pour choisir une chambre si c'est pour que ces trois jours soient écoulés dès la scène suivante ?


Bien sûr, s'il n'y avait que cela, le film resterait très bon. Les décors sont superbes et immersifs, et les chorégraphies de combat sont plutôt bonnes, voire même géniales lorsque San Te utilise le fléau à trois branches de son invention.


Mais l'entraînement ne dure que la moitié du film. Le début nous explique le traumatisme vécu par le personnage, et la fin l'accomplissement de sa vengeance. Bien qu'il soit doté d'une volonté à toute épreuve, le personnage ne reflète alors aucunement les valeurs bouddhistes.


Lorsque qu'il tue Tang San-Yao, il dit d'une manière fort dérangeante "Bouddha soit loué". J'y voyais comme une espèce de révélation du côté obscur, ce que je trouvais très fort scénaristiquement, mais il n'en n'est rien. Il peut tout de même, à la fin, rester chez les Shaolin et avoir le privilège de créer sa propre chambre, quand bien même sa volonté n'est issue que du désir de vendetta. Cela remet en cause la crédibilité du puritanisme Shaolin, pourtant bien défendu durant la phase d'entraînement.


Malheureusement, La 36ème Chambre de Shaolin manque parfois de cohérence dans ses propos, et fait appel à des ellipses nécessaires mais qui nuisent un peu à l'aspect temporel, dont les longueurs ne sont pas perçues. Dommage, car c'est un film dynamique, jamais ennuyeux, avec des passages captivants ; il ne manquait pas grand-chose pour qu'il me conquît.

Monsieur_Cintre
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le 30 mars 2020

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Monsieur_Cintre

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