Trop fainéant de la part d'Herzog, ne se révèle que sur la fin

Il est très compliqué d'accrocher à cette œuvre de Herzog, malgré la captivance promise par des réalisations précédentes. Il va d'abord falloir lutter contre des raccords ultra-nazes (à tel point que j'ai parfois cru qu'on changeait de scène, mais en fait non, il se foutait juste que ça ne colle pas), puis avec les graines d'inutilité semées sur le chemin du spectateur (par exemple lorsqu'un personnage s'exclame d'une évidence dans une micro-scène, ou qu'un plan finit sur un chien. Pour rien p**ain du tout).


La première moitié du film se passe dans une Allemagne minée par la racaille et l'ennui ; c'est monotone et pas très bien fait. C'est à se demander si ce n'était pas fait exprès au vu de la suite, mais c'était quand même long pour une mise dans l'ambiance chiante. En effet, Herzog va nous faire vivre ce qui reste toujours un fantasme dans les films français : partir. C'est loin d'être tout rose, puisque le voyage est financé à coups de prostitution, mais l'intérêt de l'œuvre va enfin se dévoiler dans les steppes américaines.


Comme seule la grisaille passe à travers la caméra du réalisateur, on a l'impression que le rêve américain va se démonter tout seul quand il sera mis en images. Mais non ! Les images l'entretiennent au contraire. C'est le personnage farfelu de Bruno S. qui va finir par l'égratigner, et pas d'une façon franchement neutre ; il va critiquer le système américain en le comparant de façon tout à fait erronée au nazisme – lui qui l'a connu – car les deux systèmes ont le même effet sur l'individu, si ce n'est que les Américains le font... avec le sourire.


La dernière partie du film part en mode Disneyland ; c'est très lynchéen, frustrant par la forme pourtant irréprochable, mais fascinant par le fond, même s'il souffre en l'occurrence de ne pas être très clair. C'est le globetrottisme de Herzog – qui avait déjà eu le courage de tourner en Amazonie – qui finit par avoir raison de la mauvaise note... Mais de justesse.


Quantième Art

EowynCwper
5
Écrit par

Créée

le 16 juin 2018

Critique lue 285 fois

1 j'aime

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 285 fois

1

D'autres avis sur La Ballade de Bruno

La Ballade de Bruno
Morrinson
7

Déambulation des handicapés heureux

Inadaptation au monde, on y revient. Six ans après "Avenir Handicapé", Herzog remet les pieds aux États-Unis et reprend par la même occasion un thème qui lui est très cher, la vie en dehors de la...

le 18 déc. 2016

16 j'aime

2

La Ballade de Bruno
SachaGuitry
9

Critique de La Ballade de Bruno par SachaGuitry

Libéré de prison, Bruno est un marginal, alcoolique dépassé par les évènements et le monde qui l'entourent. Il peut être aussi inquiétant qu'attendrissant. Le portrait parfait de l'antihéros me...

le 9 oct. 2011

12 j'aime

13

La Ballade de Bruno
Vernon79
8

Bruno be good

Comme souvent chez Werner Herzog, réel et fiction se confondent. Le drame est poreux. L'humour aussi. Un humour parfois de l'absurde, d'une scène volée que Herzog a gardée. Un humour d'autres fois...

le 22 mars 2020

8 j'aime

9

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3