The Taking of Tiger Mountain est le premier film de Tsui Hark que je découvre en salle sans l'avoir vu au préalable, en DVD, depuis près de quinze ans. D'ordinaire ses films nous parviennent suffisamment tard pour que les imports chinois soient disponibles des mois avant... Quand ils arrivent en France, ce qui n'est pas toujours gagné.
Quelle ne fut pas ma joie de m'entendre annoncer qu'une avant première en 3D allait avoir lieu dans le cadre du 5é Festival du Film Chinois en France !
Plus grand filmeur vivant, Tsui semble avec ce film faire un point sur sa carrière récente, compilant ses petites obsessions dans un gros projet de divertissement historique dont il a le secret. On y retrouve pêle-mêle les flancs de falaise et l'humour pipi-caca ( ici, caca ) de Young Detective Dee, les déplacements acrobatiques de Time & Tide, les trahisons et double identités en pagaille de Flying Swords of Dragon Gate, les combats pas-si-inégaux-que-ça de Seven Swords, et même, en cherchant plus loin, des morceaux de Better Tomorrow III... Le tout dans un délire cinéphilique cosmique, affranchi de tout complexe et pourtant toujours déférent envers ses ainés.
Poursuivant sa quête de la caméra-impossible, il livre les scènes de fusillades les plus prenantes depuis longtemps. L'assaut des 300 mercenaires contre les 30 pauvres militaires dans le village est d'une densité et d'une tension que je ne pensais plus retrouver un jour... A tel point que même le combat final semble trop facile !
Et la scène du tigre affamé aurait de quoi faire pâlir d'envie celle de Wu Song dans le roman Au bord de l'eau.
Seul bémol à apporter à l'ensemble : le film s'embarrasse vite-fait d'une narration à tiroir entre 1946 et 2015 sans que le présent ne compte vraiment, jusqu'à la toute fin où il remet en question un évènement en particulier... Qui aurait été tout a fait satisfaisant au premier degré dans sa version la plus délirante.
Sans être un aveu de faiblesse de papy, comme Tim Burton dans Big Fish, ce segment m'apparait comme une façon pour Tsui Hark de s'excuser d'avoir trop d'imagination... L'idée ne vient pas détruire l'édifice, mais j'y aurait pris plus de plaisir sans l'artifice narratif.
Du reste, comme c'est la première fois depuis ZU, les guerriers de la montagne magique que je découvre un film de Tsui Hark en salle, dans une 3D bien dosée entre immersion tape-à-l'oeil et discrétion de rigueur, je ne saurais bouder plus longtemps contre mon estomac !
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PS : A ce sujet, ne voyez pas le film à jeun. Autrement certaines scènes vous feront gargouiller de jalousie !