La Belle et la Bête, de Christophe Gans, à qui l'on doit l'excellent Pacte des Loups (mais aussi Silent Hill), promettait à travers ses bandes-annonces de détonner sur le paysage cinématographique français, en nous montrant des effets spéciaux grandioses qu'on a rarement vu en France. Alors ce film a-t-il réussi son pari ?
Tout à fait. Ce film prouve qu'on peut, en France, avoir les moyens (et le budget) de faire un film de divertissement et de grand spectacle, sans pour autant le dénigrer et le rater, ou en faire un énième film dépressif de la nouvelle vague. Alors, entendons-nous bien, on est encore loin de Avengers, mais on se rapproche d'un Labyrinthe de Pan (Guillermo del Toro) ou de la trilogie des Monde de Narnia. Par ses effets spéciaux de qualité, le dernier Gans s'inscrit comme un de ces films qui redorent l'image du cinéma français, qui semble parfois, à tort, condamné à la comédie potache ou au drame familial. Le Cinquième Élément avait prouvé qu'un français peut faire de la SF de qualité. Le Pacte des Loups qu'on pouvait mêler histoire et horreur, et Amélie Poulain qu'on pouvait briser les codes répétitifs du cinéma et se renouveler. La Belle et la Bête prouve que la France peut maîtriser un conte spectaculaire et, ma foi, plutôt bien le réussir.
Par-contre, il serait malhonnête d'omettre les nombreux défauts du film. Pour aborder les acteurs, tout le reste du casting, lorsqu'on exclue le couple vedette (Léa Seydoux, Vincent Cassel), joue en-dessous. André Dussolier oublie qu'il n'est pas au théâtre, surjoue, et n'est pas crédible. Les rôles d'Audrey Lamy et Sarah Giraudeau sont, en plus d'être complètement inutiles, mal interprétés.
Mais le plus gros défaut du film est sans doute la construction maladroite de la relation entre la belle et la bête, alors qu'il s'agit du nœud scénaristique central de l'intrigue. En cela, c'est surtout l'évolution de leurs relations qui est bâclée : quand Belle dit à la bête qu'elle l'aime, on se demande bien pourquoi et comment elle en est arrivée là, car deux scènes plus tôt elle lui criait tout son dégoût.
Ainsi, ce film a des indéniables défauts, et Christophe Gans n'est pas au même niveau – question scénario ; la réalisation est irréprochable - que dans Le Pacte des Loups. Pour autant, c'est un bon divertissement qui ravira les familles, des plus jeunes au moins jeunes (peut-être plus la gente féminine ceci-dit) et qui a le mérite d'être une prise de risque et une tentative de bouffée de fraîcheur pour un cinéma français que je juge peu diversifié.
Ceci-dit, à quand un nouveau vrai chef d’œuvre de Christophe Gans, qui ne serait pas un film de commande ?