Un sarcastique drame provincial

Un couple bourgeois, les Lelièvre (Jean-Pierre Cassel et Mme Jacqueline Bisset), parfait sous tout rapport, accompagné de leur charmante fille (Mme Virginie Ledoyen), embauchent une nouvelle domestique, Sophie (Mme Sandrine Bonnaire). Elle travaille bien mais se montre taciturne. Elle se lie avec la postière, Jeanne (Mme Isabelle Huppert) qui s’avère être un peu langue-de-vipère, pour faire les quatre cents coups ensemble, même dans le cadre des œuvres caritatives de la paroisse. La jeune domestique est démasquée comme analphabète, ce qu’elle n’arrive plus à pouvoir dissimuler, comme à ses débuts chez les Lelièvre. Ces derniers s’agacent de ce mensonge et de son amitié avec cette postière qu’ils savent leur être hostile. Cette amitié est en réalité approfondie quand elles se confessent mutuellement avoir toutes deux supprimé un proche à charge. Un conflit latent monte en régime et finit dans par un drame.
Ce film est fondé sur le paradoxe du drame traité avec humour, de l’affrontement social traité par une tension croissante, ce qui le rend vertigineux.
L’ironie peut se loger dans la lutte de classes, y compris quand elle conduit au drame, au point que le burlesque semble couver. L’ambiance reste contenue dans des rapports sociaux longtemps respectés, mais peu à peu délestés, au fur et à mesure que le conflit latent est affirmé.
Ce mélange de style dans le traitement de la narration me paraît assez subtil et fait passer le drame final pour un basculement inévitable, dans un cadre finalement tragicomique qui détient parfaitement sa logique. Le cinéaste use de sa finesse et de son humour légendaires dans un climat de tension qui lui est habituel.