Si je ne déteste pas Dany Boon, sa monomanie pour ses origines Ch'ti a tendance a m'agacer un brin.
Mais bon, tant que ça se vend, il aurait tort de s'en priver, pas vrai ?
Ayant cependant été très agréablement surprise par son dernier film, Raid Dingue, je suis allée voir la Ch'tite Famille avec un esprit ouvert.
Et je dirais que ce film n'était pas aussi nul que je m'y attendais !
Dany Boon joue sur l'opposition entre d'un côté les Parisiens, dépeints comme très froids, distants, imbus d'eux-mêmes et prêts à prétendre aimer n'importe qu'elle "oeuvre d'art" pourvu qu'elle soit cotée, et de l'autre les Ch'tis, vivant dans un terrain vague, très loin du monde de la culture, avec un parler chtimi parfois (un peu) caricaturé.
Au début, il est vrai, les traits sont trop forcés, et on a l'impression d'assister à une confrontation Bobos versus Bouseux.
Mais là où ça fonctionne, c'est que les Parisiens en prennent autant pour leur grade que les Ch'tis.
La critique du monde de l'art et du design est par exemple bien trouvée, le running gag de la sciatique causée par la "chaise trépier" et autres "tables monolithes" est plutôt réussi.
Le film marque également un point quand Valentin,
guéri de son amnésie, choisit tout de même de s'exprimer en Ch'ti durant la présentation de sa réponse à l'appel d'offre du Sofitel.
Evidemment, le fait de s'exprimer en Ch'ti signifie pour lui que son dossier sera rejeté. Cette situation est malheureusement très réaliste : un tel accent dévoile à la fois les origines du personnage et les préjugés qui y sont attachés. Une situation qui correspond malheureusement à une réalité pour beaucoup de personnes quand il s'agit de trouver du travail, par exemple.
De plus, le film a en plusieurs endroits des réflexions féministes, discrètes mais bien amenées.
Par exemple, j'ai beaucoup ri au spectacle de Pierre Richard tentant de se préparer à manger tout seul.
De même, le personnage de Constance souligne qu'elle voit d'un très mauvais oeil de se faire traiter de "muse", alors qu'elle est tout autant impliquée dans le processus de création que son mari.
Sommes toutes, j'ai passé un agréable moment devant ce film, dont l'humour fonctionne la plupart du temps.
Cependant, il y a pour moi quelques points très négatifs qui me font baisser ma note :
- Les Ch'tis sont un peu trop souvent dépeints comme étant "idiots", et je ne pense pas que ce soit le message que Danny Boon cherche à véhiculer...
- A la fin, Constance,
qui a beaucoup pris sur elle pour aider Valentin à lutter contre son amnésie, lui fait remarquer qu'il aurait pu lui aussi donner du sien et l'aider à obtenir son appel d'offre, plutôt que de le saborder. Il est vrai sur ce point que le personnage de Valentin ne se montre pas à la hauteur des efforts que son épouse fait pour lui. A aucun moment il ne s'excuse, et c'est Constance qui, à la fin, vient le chercher alors qu'il l'a laissée tomber comme une vieille chaussette.
Pour le coup, ça a un peu terni les efforts féministes du film...
Pierre Richard qui chante Johnny Halliday en ch'ti pour le final du film, ça aurait pu être drôle, mais c'était en fait un peu lourd...
Pour moi, la Chti'te famille n'a rien d'un incontournable, mais il peut être divertissant pour passer un bon moment en famille.