Oui ce film mérite le respect parce qu'il est un vrai coup de poing contre cette Amérique ségrégationniste des années 50, qui pensait avoir encore de beaux jours devant elle. Mais le mur se fissurait déjà, et La Chaine est l'un des premiers films à donner franchement un coup de pioche dedans, un an après les incidents de Little Rock.
Rien que le fait de donner à un acteur noir un vrai rôle est déjà une mini-révolution (faut quand même se rappeler le passif d'Hollywood en la matière : blackface, apologie du KKK et de la Confédération, rôles de gentils nèg*** de service ou carrément invisibilisation...On partait de loin). Bon, on peut pinailler que tous les clichés n'ont pas été complètement évités, mais enfin Sidney Poitier (excellent) mis sur un pied d'égalité avec un acteur blanc dans un premier rôle, rien que ça n'allait pas de soi à l'époque.
Ensuite, bien entendu, c'est un film fort chargé d'un point de vue symbolique, sans doute un peu trop même, mais on ne lui en tiendra pas rigueur.
Donc oui, ce film est très respectable, parce que le fond est parfois/souvent/toujours plus important que la forme (placez le curseur où vous le souhaitez). Maintenant, il faut bien parler de la forme, et honnêtement, à côté d'un très beau noir et blanc, il y a quelques défauts qui rendent cette Chaine très datée : rythme parfois chancelant, montage et raccords un peu grossiers sur certaines scènes d'action, passage avec le personnage féminin complètement raté voire gênant (pour le coup, là on n'était pas vraiment dans le progressisme : prends ça l'intersectionnalité)... Pas bien grave, on l'a dit, l'essentiel est ailleurs.
le petit point cancel culture
Mouais, bon.