Une année après le remarquable film noir Quand la Ville Dort, John Huston change à nouveau de registre pour s'attaquer à la Guerre de Sécession avec La Charge Victorieuse, où il met en scène l'histoire d'un jeune soldat d'abord fuyard et craintif alors qu'il devra repartir à l'attaque.


Lorsqu'on commence à étudier et analyser le cinéma de John Huston, il n'est guère difficile de constater que la guerre l'a profondément marqué, que ce soit à travers ses documentaires ou tout simplement son oeuvre. Ici il en dénonce les horreurs à travers les yeux d'un jeune soldat en nous envoyant dans un régime nordiste, et il va surtout s'intéresser à la psychologie de cette jeune recrue, la façon dont la peur et le doute vont venir envahir son esprit.


Néanmoins, difficile à dire si l'oeuvre est militariste ou non, tant la seconde partie du film est floue sur le sujet, mais l'important n'est plus forcément là, il l'est surtout dans la mise en scène de Huston et c'est là qu'il montre quelques failles, notamment dans l'émotion proposée et l'attachement aux personnages qui est absent. L'oeuvre est trop courte pour tout ce qu'elle tente de raconter, et on peut aussi oublier le final, assez maladroit et n'étant pas en adéquation avec le début du film, là où le metteur en scène de Moby Dick nous immerge dans l'ambiance d'avant les batailles, avec l'attente et l'envie d'en découdre, avant la peur et l'envie de fuir orchestrés par les combats.


John Huston, qui laissa les producteurs monter le film voire le charcuter, se montre à son aise pour filmer les batailles et c'est là notamment que l'oeuvre reprend de l'intérêt. On peut aussi regretter l'aspect un peu trop documentaire, qui empêche La Charge Victorieuse de vraiment prendre une dimension forte et prenante, alors que l'on retrouve Audie Murphy, l'un des soldats les plus décorés suite à la Seconde Guerre Mondiale dans le premier rôle, où il s'en sort avec les honneurs.


John Huston propose avec La Charge Victorieuse une étude de la psychologie d'un soldat au plus près des batailles mais, notamment à cause d'un charcutage des producteurs, peine à réellement créer une atmosphère prenante et faire ressortir un quelconque attachement envers le protagoniste.

Créée

le 5 oct. 2017

Critique lue 371 fois

13 j'aime

2 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 371 fois

13
2

D'autres avis sur La Charge victorieuse

La Charge victorieuse
Docteur_Jivago
5

Back in Black

Une année après le remarquable film noir Quand la Ville Dort, John Huston change à nouveau de registre pour s'attaquer à la Guerre de Sécession avec La Charge Victorieuse, où il met en scène...

le 5 oct. 2017

13 j'aime

2

La Charge victorieuse
abscondita
7

Quand la peur vous tenaille...

Printemps 1862, le 304e régiment piaffe d’impatience, il rêve de se battre enfin contre les sudistes mais les ordres de viennent pas. Il s’occupe en faisant des exercices ; les bagarres entre...

le 25 juin 2022

7 j'aime

19

La Charge victorieuse
AMCHI
8

Je suis un héros

La discorde entre les producteurs et le réalisateur John Huston fit que La Charge victorieuse que nous avons sur les écrans n'est pas le résultat final qu'avait escompté Huston ; il n'empêche que ce...

le 23 avr. 2017

6 j'aime

5

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34