J'avais perdu de vue Vinterberg depuis le formidable Festen. Et ce film est dans sa lignée. Les acteurs sont tous formidables y compris la petite fille, jolie, naïve, exaspérante, touchante. Les paysages sont magnifiques et la musique discrète mais efficace. La realisation est parfaite faisant de chaque scène un superbe tableau. Et l'histoire, évoquant le thème casse gueule par excellence, est selon moi parfaite. Car dès le début le choix du héros malgré lui comme un gars lambda loin des stereotypes, le choix de nous montrer clairement son innocence et celui d'utiliser la jeune victime comme déclencheur crédible des événements sans en faire des tonnes autour, tous ces choix sont judicieux et permettent d'éviter les écueils et les débats sterils, nous amenant habilement au coeur du sujet, la culpabilité et ses traitements. On voit vite que dans une petite communauté où tout le monde se connaît et s'apprécie, ce fragile château de cartes sans fondations, construit sur des apparences peut s'écrouler au moindre souffle de la vindicte populaire. On touche à un tabou alors les soupçons n'existent pas longtemps, il n'y a pas de fumées sans feu, on devient tous justiciers, on a trouvé une victime expiatoire. Cette chasse montre autant la descente aux enfers de la vraie victime que la transformation de ses bourreaux, directrice, amis, commercants, voisins, simples quidams. Et cette autojustice est tenace car même innocenté on en reste neanmoins coupable, faute au systeme ou aux faibles aveuglés. Dans cette noirceur sort en opposition le soutien non aveugle mais fort de la famille et la reaction finalement plus humaine et compréhensible des plus touchés, soit les parents de la petite fille. Cette critique acerbe de notre société est réussie et nous dévoile un superbe film fort et marquant.