La Chute par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Nous sommes en avril 1945, Berlin est encerclé de toute part par l'armée russe. Celle-ci déclenche l'offensive finale qui sonnera la fin du III ème Reich. Ce film nous retrace les douze derniers jours de la vie politique et privée d'Adolphe Hitler, terré dans son bunker situé dans les jardins de la commanderie entouré de son épouse Eva Braun et de ses quelques fidèles conseillers. C'est au travers du témoignage notamment de sa secrétaire particulière Traudl Junge que ces derniers instants de la vie d'un "tyran" et de la décomposition de son régime ont pu être retracés.

Ce film allemand réalisé de main de maître par Oliver Hirschbiegel est une reconstitution historique absolument inoubliable qui nous plonge dans un terrible huis-clos. Au centre de celui-ci Hitler, personnage à double visage, sachant se montrer courtois avec certains et terrifiant avec d'autres.

Du fond de son bunker, le réalisateur retrace avec une grande minutie la déliquescence d'un homme manipulateur et tyrannique coupé des réalités, abandonné par certains de ses plus fervents partisans et sombrant dans la folie destructrice de l'humanité.

Cette œuvre nous fait également découvrir les principaux acteurs qui ont côtoyé le dictateur à titres divers. A partir des réactions terrifiantes de certains d'entre eux, nous ne pouvons que mieux percevoir jusqu'à quelles atrocités et quels drames peut mener le fanatisme aveugle. En effet, Hitler au travers de son égocentrisme exacerbé avouera son indifférence et même sa rancœur envers les soldats et le peuple allemand tombant sous le feu de l'artillerie ennemie ou massacrés par les derniers fidèles du Fürher en cas de désobéissance aux derniers ordres insensés donnés par celui-ci. Il est également difficile d'oublier le moment où Madame Goebbels avec un sang-froid inouï va empoisonner elle-même ses enfants afin qu'ils ne puissent connaître une autre société que celle préconisée par le "national-socialisme".

La reconstitution du climat de désolation, de misère et de violence régnant dans un Berlin dévasté par les bombes est bouleversante. Ces gens dupés et aveuglés par la plus cruelle des idéologies que l'humanité a connue errent dans les rues jonchées de cadavres et de ruines. Ces scènes de désolation sont plus touchantes et plus dures à supporter que les suicides des garants de ce régime malgré le réalisme fort bien rendu par le réalisateur.

Outre la minutie et le réalisme incontestable de la mise en scène et du récit, il convient de saluer la magistrale interprétation pleine d'authenticité de Bruno Ganz dans son personnage impulsif,cruel, arrogant mais parfois paternel. Dans ce film qui nous offre une merveilleuse leçon sur des évènements à ne jamais oublier,tous les autres personnages sont fort bien campés avec une mention pour Alexandra Maria Lara dans sa mission de secrétaire soit-disant "inconsciente" de son rôle de proche collaboratrice du dictateur.


Cette œuvre remarquable se regarde avec beaucoup d'émotion et de par son contenu elle est un formidable plaidoyer en faveur de la paix et contre les fanatismes de tous horizons.

Box-office France: 922 987

Note: 9/10

Grard-Rocher
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les inoubliables., Cinéma : Entrez dans monde du drame., Cinéma : Entrez dans le monde du film historique. et Cinéma : Entrez dans le monde du biopic.

Créée

le 14 oct. 2022

Critique lue 5K fois

78 j'aime

21 commentaires

Critique lue 5K fois

78
21

D'autres avis sur La Chute

La Chute
ludovico
9

C’est toujours bon de revoir les films, même pour de mauvaises raisons

C’est toujours bon de revoir les films, même pour de mauvaises raisons. J’avais envie de revoir La Chute pour la performance de Bruno Ganz, après l’avoir revu dans la délicieuse parodie de Brice...

le 30 mars 2013

29 j'aime

3

La Chute
-MC
8

Un Rêve Inabouti

J'ai longuement hésité avant de faire cette critique, j'ai vu le film il y a quelques semaines et je ne savais vraiment pas quoi en dire, le sujet est assez tendu et risqué, mais bon, c'est un film...

Par

le 20 déc. 2014

23 j'aime

6

La Chute
Andy-Capet
7

Il s'agit juste de marcher un peu avec moi. Pas longtemps.

"La chute" pour la désacralisation d'un monstre. C'était plus que nécessaire... Cette désacralisation d'Hitler m'était apparu lors d'un trajet entre la porte de Brandebourg et le mémorial abstrait et...

le 22 mars 2014

21 j'aime

22

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47