Soap opéra made in France
Les auditeurs de France Inter connaissent bien Artus de Penguern, son humour décalée et ses chroniques au vitriol. L'animal s'était aussi fait une solide réputation d'acteur dans des rôles généralement secondaire mais souvent remarqué. Pour ajouter une corde à son violon (d'Ingres, bien sûr), il s'est même frotté à la réalisation, avec plus ou moins de bonheur. Cette clinique de l'amour est une ré-écriture d'un court métrage tourné il y a déjà plus de quinze ans.
Et une question se pose à la sortie : comment noter cet ovni visuel complètement déjanté, frappa-dingue, grand-guignolesque et la liste est longue (mais le dictionnaire de synonymes court)? Véritable empilage de sketchs, petit bijou d'humour absurde, le style ne plaira bien sûr pas à tout le monde, et nombreux seront ceux qui risquent de quitter la salle avant la fin, désespérés devant tant de crétinerie assumée. Même pour les amateurs, certaines scènes se font longues. C'est le pari tenté, et presque réussi de Penguern : oser la surenchère dans le n'importe quoi.
Critique parodique de certains soap américains, au sommet desquels Urgences et autres Grey's Anatomy, La Clinique de l'amour! pousse très loin le concept. C'est simple, chaque situation forcément ubuesque sera résolue grâce à un subterfuge encore plus improbable, depuis l'utilisation de fleurs Vietnamienne à la réapparition d'un patient surprise. Et bien sûr, tout va s'arranger à la fin, les gentils seront récompensés, les méchants punis et l'amour, le vrai, avec un A majuscule, triomphera.
Égratignant au passage le lobbying industriel et la sur-médiatisation à outrance, Artus de Penguern nous offre là une oeuvre délirante, à prendre au moins au vingt troisième degré. Un humour qui risque d'en laisser plus d'un sur la touche mais un film à voir malgré tout, pour enfin en finir avec le cliché de la comédie française à l'humour gras et beauf...