Avoir son biopic après 50 ans, c'est rater son film.

Le voilà, le film polémique, le film qui brisait enfin le tabou que les Américains ont levé depuis longtemps : enfin un film français représentait un président récent (actuel même) dans l'exercice du pouvoir. Enfin, pas tout à fait, dans la conquête de dudit pouvoir.
Le problème, c'est que Durringer semble avoir oublié ce qu'il devait faire en premier lieu : un film de cinéma. A force de trop ménager la chèvre et le chou, à essayer de pénétrer les arcanes du système Sarkozy sans vouloir transmettre une opinion, Durringer reste en surface, et ne fait que relater des faits pour la plupart connus de tous. Que les choses soient claires, on n'apprend absolument rien sur Sarkozy. Pour ainsi dire, on a l'impression d'assister à une resucée cinématographique du très bon "Un jour, un destin" qui lui avait été consacré sur France 2 il y a quelques semaines.
Et finalement, c'est presque mieux que le cinéaste se borne à une simple rétrospective en images de la campagne de 2007, parce que dès qu'il se pique de faire du cinéma, c'est vraiment mauvais. Les scènes avec Cécilia oscillent entre le risible et le consternant, pas aidé en cela par une Florence Pernel qui se fait écraser par Podalydès dans toutes leurs scènes. Le film n'est finalement qu'une succession de petites saynettes très inégales, celles avec Chirac et Villepin étant de loin les meilleures. Podalydès, Labarthe et Le Coq sont clairement au-dessus du lot et campent des personnages très croustillants qui sont finalement les seules raisons qui justifient de voir le film jusqu'au bout, tant leurs échanges sont savoureux. Si Podalydès est assez prodigieux dans sa manière de retranscrire la gestuelle, mais surtout l'intonation de voix du président de la République, ma préférence va à Bernard Le Coq qui campe assez magistralement un Chirac complètement largué au niveau de la stratégie politique.
Le problème est que le film ne va pas plus loin qu'une compilation de petites phrases et de piques qui semblent sorties des sketchs des Guignols de l'Info, ce qui peut avoir un côté horripilant par moments car le film creuse trop peu le personnage Sarkozy et reste trop dans la représentation de l'image publique du bonhomme. Là où le scénario tenait une idée formidable (l'usure d'un couple pourtant soudé dans le travail), le film l'ignore complètement et c'est bien dommage.
La Conquête est une grosse baudruche qui se dégonfle bien vite de tout le vent qui a été créé autour de lui. Ce n'est pas un film pro-Sarko, ni anti-Sarko, c'est juste un petit docu-fiction porté par quelques bons acteurs.
Sharpshooter
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le 16 juin 2011

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Julien Lada

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