En un seul plan-séquence sir Alfred fait un brillant exercice de style sur un huis-clos théâtral, pas seulement un exercice d'ailleurs puisqu'il s'amuse aussi à montrer une soirée d'amis où l'on boit et où l'on mange des amuse-gueules au-dessus d'un coffre dans lequel est enfermé le cadavre d'un jeune homme dont on a pu voir l'assassinat au début du film (tant pis pour le suspense) par un couple de jeunes homosexuels qui voulaient expérimenter la théorie du surhomme ayant droit de vie ou de mort sur ceux qu'il juge inférieurs, ce qui permet en même temps au Maître de dénoncer la fascination que le crime peut exercer sur certains individus, le contraignant à introduire un nouvel élément de suspense qui consiste à savoir comment James Stewart, dont c'était la première collaboration avec Hitchcock et qui s'en tire bien, (du film pas du coffre), va réussir à résoudre l'affaire ; mais force est de constater les limites techniques de l'époque pour un dénouement moral tiré par les cheveux avec des ficelles un peu trop grosses là où le cinéma actuel réalise des films de prestige et où le magicien Dany Lary nous ferait le tour de la Malle des Indes : dans la scène finale c'est soit la victime qui entrerait en scène et ouvrirait le coffre où les coupables seraient pieds et poings liés, soit le suicide des deux coupables devant un coffre qui se révélerait plus tard soit vide, soit contenant une jolie assistante peu vêtue pour une révérence finale aux spectateurs.