Course à la mords-moi-le-noeud

Je connaissais Death race 2000 comme étant un film qui confronte David Carradine et un jeune Sylvester Stallone, mais aussi comme étant l'œuvre la plus connue du réalisateur underground mais culte Paul Bartel. Je voulais me mettre à voir du Bartel (j'avais juste vu Lust in the dust, mais c'était parmi 3 autres films, à une nuit consacrée à Divine), et Death race 2000 semblait le meilleur choix pour débuter.

J’ai vite compris à quoi je devais m’attendre, et que j’allais devoir bien accrocher ma ceinture. Le générique de début, bien kitsch, semble être dessiné au crayon de couleur, en accompagnement sonore on a de la musique de hippie, et les premiers plans du films s’avèrent très incongrus : gros plan sur le trou d’une trompette, gros plan en courte focale sur une main qui joue de l’instrument, gros plan sur un drapeau, …
Le fil conducteur de Death race 2000 semble être le kitsch.
A peine une minute de film et on voit un matte painting totalement foireux, et en plus c’est un plan qui reviendra souvent par la suite !
Et pourtant, j’ai l’impression que cette production a eu droit à des moyens conséquents : on a de nombreux décors, beaucoup d’acteurs et de figurants, … Il n’y a que dans les 70’s et les 80’s qu’on peut voir un tel contraste dans un film.

Death race 2000 nous présente un monde où cinq concurrents s’affrontent dans une course mortelle, mondialement retransmise, de laquelle le pilote vainqueur repartira en héros. Un monde de science-fiction mal défini, où on ne comprend pas précisément les enjeux de la course, ni la politique en place aux USA qui lui permet d’exister. Un monde rétro-futuriste, c’est-à-dire qui présente une vision du futur ancrée dans le kitsch du passé, nous donnant des costumes pas croyables, et des véhicules qu’on croirait tout droit sortis d’un épisode des Fous du volant… et il y a aussi à un moment une scène qui fait carrément penser à un gag de Bip-bip et Coyote, mais sans le sens de la dérision qu'il faudrait.
Les personnages sont tout aussi décalés pour certains, il y a "Frankenstein", à savoir David Carradine en costume SM avec une voiture customisée en dinosaure (il faut le voir pour le croire), et une nazi dont les fans brandissent des drapeaux avec des svastikas.
Ce qui parvient à ne pas être trop ridicule, ce sont certaines répliques, bien trouvées, comme "whoever named your car Bull was only half right".

Avec un titre pareil, on s’imagine que les courses vont présenter de l’intérêt, mais la réalisation rend la compétition peu trépidante. Quand les adversaires sont au côte à côte, il y a une bonne moitié de plan montrant uniquement le visage des conducteurs.
Mais ça ne dure pas, car pendant la majorité du film, chaque pilote se met à parcourir les USA en prenant son propre itinéraire. Ainsi, je ne comprends pas comment les présentateurs peuvent tout savoir de ce qui arrivent aux concurrents… et en plus de ça, comment ils peuvent ne pas voir Frankenstein, censé être défiguré, quand il retire son masque pour révéler un visage normal.
Enfin on n’est pas à une débilité du scénario près. Si les conducteurs écrasent des gens, ils gagnent des points (ça donne notamment une scène complètement con avec un type qui joue au torero).
La crétinerie du film, pour moi, n’est assumée qu’avec les quelques idées vraiment WTF, comme ces médecins qui mettent les vieux sur la route pour le "jour de l’euthanasie", ou alors cette veuve dont le mari a été écrasé par un des pilotes, et qui est invitée à la TV.
Je suis sûr que certains spectateurs cherchent à y voir une critique de la société, mais ça reste sacrément débile. Le pire est peut-être ce twist qui cherche à nous faire croire que le personnage principal est un gentil (même s’il écrase des gens pour le plaisir, bon…), en nous dévoilant sa "handgrenade", une idée d’une bêtise terrible.

Une déception, ce Death race 2000 ; certes je m’attendais à du cinéma bis, mais avec du charme et de l’humour ; je ne m’attendais pas à un film bête et laid à ce point.
Bon au moins, ce qui me plaît, c’est qu'il s'agit d'une production Corman qui a obtenu un remake avec Jason Statham. Rien que cette idée m’amuse.