Succès à la fois inattendu (un teen movie français) et prévisible (Kim Chapiron), La crème de la crème réussit le joli tour de force de la peinture générationnelle avec une certaine réussite, qui passe par sa vision plutôt objective du milieu (les puceaux comme les dragueurs sont traités sur un pied d’égalité). C’est surtout par l’utilisation de détails que le film bâtit son capital sympathie, en pensant par exemple à mettre tout le temps en cours un étudiant qui joue sur son ordinateur, en faisant beaucoup de références au milieu étudiant (les affiches des soirées), et en s’intéressant à des enjeux essentiellement sentimentaux sous un angle enfin immersif pour le public. On se fout des histoires de culs des beaux gosses de la promo, en revanche le décryptage du « système » des étudiants en éco, gentiment iconoclaste, parvient à plutôt bien planter les enjeux et à introduire nos personnages. Le versaillais bien implanté dans le BDE, le hors-système laissé à l’abandon et la novice peu influençable. S’enclenche alors l’intrigue, innocente en apparence (les filles embauchées ne sont sensées rester que pour briser l’image de leur étudiant), qui finit par prendre de belles proportions quand l’entreprise se développe (avec l’arrivée des écoles d’ingénieur, occasion de généraliser le propos à une bonne partie du système étudiant). Et évidemment, le film ne manque pas de capter les interactions sentimentales qui animent notre groupe, des relations d’amitiés à la cure psychologique en passant par l’amour naissant. Mais la fraîcheur de ton et les bonnes prestations des jeunes acteurs parviennent avec aisance à élever le niveau, et à divertir avec notre trio. A cela s’ajoute un humour léger, aux débordements parfois trash (l’ouverture avec film porno sur télé 3D), et que la sincérité rend immédiatement attachant. La proximité faisant la force du cinéma générationnel, on tient donc ici un honorable représentant de sa catégorie, qui se déconnecte gentiment de la morale pour s’attacher aux soucis étudiants à l’approche du monde du travail en crise. Le retour de bâton final est même éludé au profit du traitement de l’enjeu principal au sein du trio, signe même que l’intérêt se situe ailleurs que dans le postulat de départ. En l’état, avec une magnifique photographie et une peinture de jeunesse réussie, le film atteint allègrement ses objectifs, en affirmant une fois de plus que le traitement d’un bon réal peut redonner un coup de fouet au cinéma français.
Voracinéphile
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le 9 avr. 2014

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