Décrié à sa sortie en 1947, La Dame de Shanghai est considéré aujourd'hui comme l'un des chefs d'œuvres de l'histoire du cinéma. Orson Welles signe ici un polar troublant, érotisant l'image de Rita Heyworth, sa futur ex femme.

A Cuba, Michael (Orson Welles), un marin irlandais, sauve d'une agression une belle blonde nommée Elsa Bannister (Rita Heyworth). Le mari de celle-ci, avocat réputé, l'engage sur son yacht pour une croisière vers San Francisco. Grisby, l'associé de Bannister, découvre l'amour que se porte les deux jeunes gens. L'homme propose alors au marin 5000 dollars en échange d'un petit service.

Les critiques de l'époque reprochaient à La Dame de Shanghai son scénario alambiqué et incompréhensible. Il est vrai, que l'on se trouve décontenancé quant au déroulement de l'histoire. « Il est évident qu'on sentait venir le danger. Moi pas », déclare Michael dans les premières minutes. Quel danger? C'est la question que se pose le spectateur pendant plus de la moitié du film. Bien que les personnages naviguent dans un décor de rêve, l'atmosphère y est suffocante. On sent le protagoniste piégé comme un rat, menacé, mais par qui? La mise en scène renforce ce sentiment, avec l'utilisation de gros plans, qui ne laisse pas le moindre espace dans le cadre donc, aucune échappatoire. Le voile se lève enfin sur ce « danger » dans la dernière demi-heure, nous gratifiant d'une des séquences les plus reprises du cinéma, la célèbre séquence des miroirs. Scène magnifique où les méchants s'autodétruisent, faisant échos à la fable racontée par Michael au début, qui justifie et explique, à elle seule, le long métrage.

Conspué pour avoir oser touché les cheveux de Rita Heyworth, Orson Welles n'enlève pas moins à l'actrice son pouvoir de séduction et de fantasme. Mieux que le retirage de gants dans Gilda, la comédienne est au top de l'érotisme dans La Dame de Shanghai. En véritable vamp, elle apparaît allongée sur un rocher, munie d'un simple maillot, ou accueille les passagers du yacht, vêtue d'une casquette de capitaine et de la veste assortie.

La Dame de Shanghai est donc un incontournable, grâce à sa réalisation inspirée et à la belle Rita Heyworth, transpirant l'érotisme par tous les pores.
claudie_faucand
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le 21 mars 2012

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