La Danseuse par Cha Rlene

Je sors juste du cinéma, grosse claque, c'est rare que je tienne 1h58 devant un film. Les scènes de danse sont juste prodigieuses, malheureusement j'ai enlevé un point car il n'y en avait pas assez à mon goût. Tout le long du film la tension est à son comble, elle casse les codes donc on ne sait pas si ça va plaire ou pas au public, ce qui rend chaque scène d'applaudissement grandiose. Au départ elle ne sait pas qu'elle va être une danseuse, elle a juste ce "quelque chose", cette mélancolie et ces drames qui façonnent les artistes, cette fureur de vivre qu'elle se découvre quand son père meurt et qu'elle ajuste son chapeau, prend ses bagages et s'en va, quand, lassée de la monotonie de la vie monastique chez sa mère, elle part faire des auditions, se croyant au départ actrice. C'est par pur accident qu'elle découvre qu'elle est danseuse: elle doit jouer une scène d'hypnose, sa robe est trop grande, elle tombe à ses pieds devant les spectateurs qui se moquent d'elle, alors elle l'attrape et se met à tournoyer avec: le public l'acclame. Au début du film elle se fait littéralement traîner dans la boue, et à la fin elle devient une icône, sa danse est même brevetée. Car elle a suscité beaucoup d'admiration, et donc forcément beaucoup de jalousie et de rivalité: on essaye de lui voler sa danse, de lui voler son talent. C'est vrai que ça a l'air simple: une grande robe, des baguettes en bois et des tournoiements, mais il n'y a qu'elle qui a cette rage, cette discipline envers elle-même et son art. Pourtant elle reste simple, ne recherche pas la gloire, ne veut même pas se dévoiler à son public, elle pense que sans sa robe elle n'est rien, elle va même jusqu'à pousser Isadora Duncan sur le podium à sa place. Alors qu'il n'y a qu'elle qui est capable d'exprimer tant de passion. C'est même cela qui va lui faire défaut: trop passionnée, trop émotive, elle va s'éprendre de personnes nocives pour elle tout au long du film, d'abord son père, puis le Comte, et évidemment Isadora Duncan, dont la danse de ballet est très belle aussi mais beaucoup plus académique. Littéralement aveuglée par les projecteurs, clés de voute de son art avec le tissu, à bout de forces, décrédibilisée, elle ira quand même jusqu'aux bout de ses limites malgré ses doutes et son manque de confiance en elle et en son talent. Seul le personnage joué par Mélanie Laurent sera là pour l'épauler du début jusqu'à la fin.