Sélectionné dans la catégorie « un certain regard » à Cannes cette année, le premier long métrage de Stéphanie Di Giusto retrace l’histoire vraie de Loie Fuller, la célèbre danseuse américaine reconnut aujourd’hui comme une pionnière de la danse moderne qui révolutionna son milieu dans les années 20 notamment avec la célèbre « danse serpentine ».


Le film se concentre principalement sur sa rivalité ambiguë avec la danseuse Isadora Duncan qui marquera une étape importante dans la carrière de la chorégraphe.


Le film de Stéphanie Di Giusto se veut lyrique et d’une esthétique visuelle époustouflante, les scènes de chorégraphies du film représentent les véritables points forts de l’œuvre, un véritable parti pris esthétique de sublimer l’artiste dans le mouvement. Il y a une volonté dans les scènes de danse de vouloir retranscrire une modernité visuelle qui, il faut l’admettre, est d’une efficacité redoutable. C’est principalement ce qui rend ce premier film épatant sur sa forme.


Mais dans le fond, la cinéaste se perd dans un récit qui faire perdre au film ce qu’il pourrait gagner davantage sur son esthétique. Le film hésite constamment entre deux partis : d’une part une forme de cinéma abstraite, qui se veut lyrique et contemplatif sur ses scènes de danse à la limite du psychédélique, une mise en scène qui se fait rare dans le cinéma français actuel à l’exception de quelques cinéastes. Et de l’autre, après avoir quitté la reconstitution d’un New York de la fin du 19ème siècle, sublimé par la classicisme de sa mise en scène, car il s’agit ici d’un film très académique, le film finit par perdre pied dans un récit typique du biopic populaire, abandonnant en chemin l’exercice de style jusqu’ici très plaisant. Le film finit par devenir une succession de dialogues plutôt plan-plan, où seul l’aspect sensoriel des douleurs affligé au corps de la danseuse montre une intention de mise en scène de la part de la cinéaste.


Le véritable autre point fort, ce sont les actrices qui représentent les corps mise en scène et sublimer par la cinéaste : Soko et Lily Rose Depp. Elles incarnent avec charisme et élégance les corps de ces danseuses avec une fragilité qui rend ce biopic académique vivant, à côté d’un Gaspard Uliel désincarné et absent dans son jeu.


« La danseuse » est un premier film hésitant entre les intentions d’auteurs, le lyrisme visuel et le biopic à dialogue académique. Une confrontation entre deux partis pris de metteur en scène, montrant un premier film honorable sur sa forme, mais aussi une cinéaste encore à la recherche d’une véritable identité.

GalDelachapelle
6
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le 12 oct. 2016

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