Jodo prouve avec La Danza de la Realidad qu'à 84 ans, on peut toujours réaliser des films poétiquement chtarbés, avec cette fois un intimisme personnel qui a de quoi dérouter. Réécriture de son mythe familial incarnée par ses fils, la mise en abyme générationnelle peut donner le vertige, comme lors de ces moments envoutants où Jodo s'adresse à son moi enfant dans son sabir mystico-existentiel touchant. On touche un peu du doigt les origines fracturées de cette personnalité difficilement saisissable, malmené entre deux parents aussi aimants que frappadingues (et encore Jodo précise-t-il qu'avec ce film, il tente d'humaniser son père !) sur fond de fresque historico-sociale de juifs communistes immigrés dans un Chili dictatorial.
Dans le rôle de son grand-père Jaime, Brontis Jodorowsky est épatant d'intensité et emporte tout avec lui, c'est une des forces essentielles de la Danza. Les marottes de Jodo sont également présentes avec des nains et des êtres difformes (dont 2 hommes troncs !) que la caméra magnifie, un soin méticuleux apporté au visuel (malgré quelques CGI en-deça) et des séquences d'un haut niveau de taritude (la golden shower divine et curative !!). La qualité du film se ressent indéniablement quand on s'aperçoit qu'à distance du visionnage, on continue d'y repenser.