(Vu en VO. Et, je vous préviens, ça va être une longue critique, parce que j’en ai, des choses à dire ! La première partie de la critique sera sans spoilers, et assez classique. Mais c’est le genre de films que je me dois de critiquer un peu plus longuement, dans une seconde partie.)



Critique constructive



Bien bien bien... La Dernière Légion est un péplum qui s’annonce bien, sur le papier. Reprenons le résumé : l’Empire Romain est menacé par les armées barbares. Malgré la protection d'Aurelius, Romulus, jeune garçon à peine couronné César, est capturé par Odoacre, chef des Goths, et emmené sur l'île forteresse de Capri, où il découvre la légendaire épée de César. Après avoir secouru Romulus, Aurelius et ses hommes partent pour Britannia, où se trouverait la dernière Légion encore fidèle à Rome. Avouez, ça sonne bien !


Côté casting aussi, ça annonce du lourd. Colin Firth, Thomas Brodie-Sangster, Iain Glen, Owean Teale,... Une belle brochette de stars, plus quelques seconds couteaux habitués aux bonnes performances (John Hannah, Nonso Anozie,...). Bref, c’est très confiant que je me suis lancé dans le visionnage de ce film. Et, franchement, durant le début du film, cela se passait bien : on nous présente l’arrivée à Rome de la IV° Légion, et des têtes brûlées qui la dirigent, pour le couronnement du nouvel empereur. On nous apprend qu’il s’agit d’une légion d’élite, et qu’ils auront pour tâche d’assurer la protection de Romulus. Jusque là, tout va bien.


Et, soudainement, des Goths.


L’action commence très soudainement, hors de nulle part, par la prise de Rome (ça ne compte pas comme un spoiler, vu que c’est littéralement dans le résumé). Et c’est à partir de ce moment que les choses commencent à sérieusement se gâter. Le film, après un début sinon original, du moins prometteur, se vautre lamentablement dans les clichés : les héros se trouvent systématiquement au bon endroit, au bon moment. La dimension épique du péplum est déjà bien entamée à ce moment là... Et elle sera encore entamée pendant la séquence de l’évasion de Capri, avec quelques moments comiques totalement déplacés pour le genre du film. Déplacés, mais qui m’ont réellement amusé. Pas au point de me plier en deux, loin de là, mais j’ai souris sincèrement. Il faut attendre la bataille finale pour que ce film retrouve son souffle épique.


Ce film ne prend réellement son sens qu’à la toute fin, quand on découvre qu’il revisite l’origine des légendes arthuriennes. C’est ce qui fait son originalité, mais qui est aussi une faiblesse, car rien ne semble faire de sens pendant une bonne partie du film, ce qui est évidemment dommageable. Enfin bref...


Le scénario est donc assez mal équilibré, et s’éloigne beaucoup de ce qu’il annonce au milieu du film. J’ai également relevé un détail qui m’a beaucoup plus chiffonné qu’il ne l’aurait du : le château du roi des Angles est typique du XII° siècle... Alors que l’action se déroule au V°. C’est d’autant plus agaçant que le reste des visuels et des costumes sont plutôt satisfaisants. Mais là n’est pas le principal problème du scénario.


Tout le monde est familier avec la notion de personnages principaux et secondaires. Mais ce film pousse cette notion à l’extrême. Certains personnages qu’on pourrait croire «secondaires» comme les lieutenants d’Aurelius, sont en fait des figurants. Jusqu’au départ pour Britannia, ils auraient pu être remplacés par des mannequins, et le résultat aurait été le même. Et la meilleure illustration de ce phénomène a lieu pendant une des scènes de combat de Capri.


Bon, le film n’a pas que de mauvais points, fort heureusement. Pour commencer, certains visuels sont absolument magnifiques. Les couleurs de certains plans sont superbes, même si la lumière est très dure dans les scènes italiennes. Les combats sont bien chorégraphiés, ce qui est important pour un film de ce genre. Le jeu d’acteur est globalement bon, en dehors de Kevin McKidd qui surjoue le barbare agressif et brutal. Aussi, j’ai beaucoup aimé les explications aux «pouvoirs» de Merlin.
Tout ceci étant dit, ce n’est pas un mauvais film. Mais j’en attendais beaucoup plus. Concrètement, il se regarde très facilement : la première moitié passe très rapidement, l’action ralenti pendant le quart suivant avant de redémarrer pour la fin. Je ne le recommanderais pas aux amateurs de péplums ou aux cinéphiles, mais il occupera assez agréablement une soirée ou une après-midi de repos. Ou une soirée entre amis avec des bières.



Démontage gratuit (garanti avec 75 % de sel et beaucoup de spoilers. Vous êtes prévenus.)



Bien, bien, bien... Maintenant que nous avons été relativement constructifs, il est temps de se défouler un peu et de mettre un peu plus en avant ce qui ne va pas dans ce film. Je ne reviendrai pas trop sur le début, si ce n’est qu’on nous introduit «Future Trahison» (joué par John Annah). En dehors de cela, je n’ai pas grand-chose à dire sur cette partie, alors passons directement au moment où tout part à vaux-l’eau. L’arrivée des Goths à Rome.


La première scène de bataille arrive de nulle part. Littéralement. Un soir, tout va bien, et l’instant d’après plusieurs milliers de Goths arrivent aux portes de Rome (où se situe d’ailleurs le palais de l’empereur, même si ça ne fait aucun sens). La IV° Légion se fait décimer malgré une résistance courageuse, et Romulus est finalement capturé par les Goths. Aurelius (Colin Firth), décide alors de secourir ses lieutenants faits prisonniers, en compagnie d’une guerrière indienne au service de l’Empire Byzantin (je n’ai pas dit que ça devait faire du sens).


On arrive donc au moment où le péplum tourne presque à la comédie. Notons donc : l’évasion de Merlin qui parvient à suspendre une statue à l’endroit où il était lui-même suspendu (oui, oui,...), l’étreinte de Colin Firth et Aishwarya Rai (Mira, la guerrière indienne) alors qu’ils escaladent les murs, ou encore Rupert Friend (Demetrius) qui se fait «punir» d’une tape sur la tête par Vatrenus (Owen Teale) et Batiatus (Nonso Anozie) après avoir laissé Mira passer devant pour admirer ses fesses. Ou encore cette scène où Mira affronte seule quatre ou cinq Goths pendant que tout ce petit monde regarde, bouche bée. Quand je vous disait qu’ils étaient figurants et pas personnages secondaires...


Bref, c’est également ici que commence le festival de «coïncidences». On découvre ainsi que l’héritier de César est emprisonné là où se trouve le temple caché où est dissimulée l’épée légendaire. Je ne vois vraiment pas comment ce temple a pu rester caché, puisque le symbole de cette épée se trouve PARTOUT SUR CETTE ÎLE. Littéralement. Accessoirement, pour ouvrir ce temple, il faut... enfoncer les deux yeux de la mosaïque de César. Avec pour indice que «le temple se trouve sous le regard de César». Bref, vraiment, ça tombe bien que seuls des imbéciles soient passés par ici avant.


Ensuite, on a droit à la trahison du meilleur ami, qu’on avait pas du tout vu venir quand il a annoncé à Aurelius que «les bons amis sont rares à Rome» (ou approchant), la scène de sexe (suggérée uniquement) avant la bataille entre Aurelius et Mira, la mort du grand costaud au coeur tendre, ainsi qu’à l’arrivée inespérée de renforts durant la bataille finale. Je ne vais pas trop revenir là-dessus, c’est du vu et revu... Ce qui est moins vu et revu, en revanche, c’est le comportement de Romulus durant cette bataille : qui court à travers l’armée adverse sans aucun but ? Sans arme ? Et surtout, sans attirer l’attention alors qu’on est un adolescent de 17 ans qui en fait 15, en armure romaine ?


Bref, ce film est bourré de scènes clichées ou incompréhensibles. Cependant, encore une fois, il permet de passer le temps de manière relativement agréable. C’est pourquoi je lui met une note moyenne : je n’ai pas passé un mauvais moment devant, même si ce n’est clairement pas un bon film.

Julien_Collard
5
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le 27 juin 2016

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Julien Collard

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