La Passion du Christ
"Je n'ai pas fait ce film pour prouver quoi que ce soit à qui que ce soit". La citation est de Martin Scorsese, cinéaste exaspéré par toutes les polémiques qui ont pu émailler le tournage ou sa...
le 28 juin 2013
28 j'aime
3
Je me souviens du scandale que le film a suscité, de la violence dans laquelle se sont jetés conservateurs et catholiques de tout poil, pour dénoncer un film délétère et blasphématoire. Le spectre de l'intégrisme religieux avait brusquement resurgi, entraînant le pays dans une hystérie collective et une effusion de passions. Une salle de cinéma incendiée, et le film fut pratiquement retiré de la distribution. J'ai eu tout juste le temps d'aller le voir dans une petite salle de cinéma indépendante...
Le déchaînement de haine cristallisé autour de Martin Scorsese m'avait profondément révulsé, écoeuré. Et puis, comment pouvait-on se targuer de critiquer un film sans l'avoir vu ? Bien sûr, ce qui était reproché au film c'était de donner une interprétation très personnelle des Évangiles, d'avoir descendu le Christ de son socle divin, de l'avoir désacralisé et ramené à sa condition d'homme. Jésus est présenté dans La dernière Tentation du Christ, non comme le Fils de Dieu, mais comme un homme qui doute de sa mission salvatrice. De quoi provoquer les foudres de l'Église catholique, avec à sa tête, le Cardinal Albert Decourtray, qui expliquait dans un communiqué, et sans avoir pris la peine d'aller voir le film, que "la mort de Jésus n’appartient pas aux romanciers, ni aux scénaristes...". ! Fin de la discussion ! Alors pourquoi faire du Christ un homme tourmenté, rongé par le doute, obsédé par ses propres désirs, pourquoi l'avoir finalement rendu humain, bien trop humain...? Une hérésie pour notre bienveillant clergé qui veille au dogme...
Et pourtant, toute la force du film est là, bouleversante, renversante. Martin Scorsese fait la démonstration que la parole des Évangiles n'est pas une parole dogmatique et intemporelle. La foi est une affaire hautement et éminemment personnelle, une mise à l'épreuve, nourrie par notre propre expérience. Les scènes les plus audacieuses, les plus courageuses sont celles où l'on voit Jésus faire l'apprentissage de sa propre foi. C'est vertigineux. Le dernier plan, qui m'a laissé sans voix, donne tout son sens à ce film tant décriée.
Créée
le 1 juil. 2019
Critique lue 182 fois
2 j'aime
D'autres avis sur La Dernière Tentation du Christ
"Je n'ai pas fait ce film pour prouver quoi que ce soit à qui que ce soit". La citation est de Martin Scorsese, cinéaste exaspéré par toutes les polémiques qui ont pu émailler le tournage ou sa...
le 28 juin 2013
28 j'aime
3
Martin Scorsese adapte en 1988 le roman The Last Temptation of the Christ signé Nikos Kazantzakis, publié en 1955. Une adaptation qui fit beaucoup de bruits à sa sortie notamment lorsqu’un groupe...
le 21 avr. 2014
24 j'aime
2
Oh comme il est difficile de faire une critique de ce film, oh combien riche, oh combien beau, profond, sensible, puissant, et tout ne se limite pas à la parole qu'il délivre, mais qu'il est...
Par
le 21 nov. 2013
23 j'aime
3
Du même critique
Si Jack Arnold vint au cinéma par le documentaire en travaillant pour Robert Flaherty, ses débuts en tant que metteur en scène furent nettement orientés vers les films de Science-fiction, où il...
Par
le 31 déc. 2022
3 j'aime
Alors celui-là, mon grand regret est de ne pas l'avoir vu au cinéma, dans une vraie salle, avec en guise de B.O, les cris apeurés des spectateurs.... À l'époque je me souviens avoir loué le DVD à un...
Par
le 1 juil. 2023
3 j'aime
1
Le plus célèbre drame maritime a toujours enflammé les imaginations. Sous le régime nazi, pendant la guerre, le Titanic devient le symbole suprême de la décadence du capitalisme. C'est la course aux...
Par
le 7 juin 2023
2 j'aime