Un film saisissant par la qualité de la direction et du jeu d’acteur. Tous les comédiens sans exception démontrent une construction de personnage claire et nuancée, rendue avec une désarmante vérité. Pas une seconde passe sans qu’ils ne soient émotivement connectés à l’action. Est-ce redevable aux effets de l’Actors Studio dont Elia Kazan est l’un des fondateurs ? Il ne peut en être autrement, puisqu’il est rare qu’un drame soit interprété avec autant de cohésion et de manière aussi soutenu par l’ensemble de la distribution. Les membres de la famille Stamper sont tous incarnés avec subtilité malgré la grosseur de certains traits de caractère. Le père(Pat Hingle) monstrueuse-ment égocentrique et cruel laisse paraître une vulnérabilité sous son épaisse carapace, sa femme (Joanna Roos) dégage un triste fond de résignation derrière ses silences qui en disent long, leur fille Ginny(Barbara Loden) laisse voir toute sa détresse intérieure sous son comportement rebelle et dévergondé, leur fils Bud(Warren Beatty), personnage complexe déchiré entre le devoir d’obéir à son père et ses passions amoureuses, interprété avec une intériorité rare pour un acteur aussi avantagé physiquement. Et que dire de sa Juliette (Nathalie Wood) d’une sensibilité à couper le souffle. Leur amour viscéral l’un pour l’autre est victime de la rectitude morale et de la couleur de l’argent. Ce qui aurait pu être une histoire d’amour mélodramatique sous la claquette de plusieurs cinéastes prend des proportions tragiques à travers la rencontre Inge-Kazan. Du bonbon!

Elg
10
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le 15 nov. 2019

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