C'est sous les paysages d'une vaste plage que débute la fille de ryan. En son cœur se situe Rosy Ryan, interprétée par la magnifique Sarah Miles, représentant une fille jeune, belle et naïve. Courant au gré des vents, courant derrière son chapeau de paille, courant derrière sa dignité.
Un mélodrame qui s'avère bien plus subtil qu'il n'y paraît. Entre les images somptueuses de David Lean, les dialogues passionnants, cette prestance que fourni chacun des acteurs, et cette intelligence dans la conception des situations et de la structure, difficile de donner son avis sur une oeuvre aussi magnifique.
La façon dont David Lean filme ces paysages atteint la beauté que chaque cinéaste a rêvé d'atteindre, et dont seuls certains d'entre eux ont pu y parvenir. Fournissant des images magnifiques aussi bien devant ces mers déchaînés du crépuscule, que lors de son calme pendant la paisible journée, qui ne l'est cependant qu'en apparence.
Le film prend place en pleine révolution irlandaise, à la suite de la première guerre mondiale. Le conflit entre l'IRA et la Grande-Bretagne est en plein cœur du récit. Bien qu'étant secondaire (ce n'est pas un film de guerre), elle influe grandement le déroulement du mélo-drame. Mais David Lean ne le traite pas dans un manichéisme absolu, mais de manière détournée. Puisque nous possédons une sympathie respective pour chacun de ces deux côtés, qui s'inverse au fur et à mesure de l'avancement du film, mais fini sous le même constat. Puisque ce que Lean dénonce ici, ce n'est pas tel ou tel côté, mais bien la population, la communauté refermé sur elle-même, cette communauté de ce petit village atteint de monstruosité. Et nous constatons que le rôle de la religion ici, n'est que pour mettre de l'ordre dans ces actes de monstruosité. Affectant aussi bien le personnage de Michael, atteint d'une déficience mentale et moteur, que celui de cette Rosy Ryan.
De nombreuses scènes sont marquantes, et il serait bien trop dure de toutes les évoquer, le film dépassant les trois heures de durée. Nous pourrions citer bien entendu, comme dit précédemment, les scènes se situant sous les mers déchaînés d'Irlande, ou bien sur cette plage calme et paisible, dont aura lieu au contraire les plus grands moments de tristesse. Mais il y a aussi ces scènes de batifolage dans l'herbe, témoignant de l'amour le plus brut, celui qui nous donne envie de verser des larmes devant une telle beauté.
Mais la fille de ryan demeure avant tout une histoire d'amour. Où nous éprouvons autant de sympathie pour Rosy, que pour le professeur interprété par Robert Mitchum (à la perfection) ou le militaire silencieux, mystérieux et traumatisé interprété par Trevor Howard (lui aussi très bon). Chacun d'entre eux nourrissent un désespoir marqué, possédant aussi bien une déception amoureuse que vivante. Surlignant l'émotion et la beauté de cette magnifique fresque de David Lean.
Le meilleur film de David Lean.
Un chef d'oeuvre.