La richesse du scénario de Grisham, écrivain golden boy des studios d'Hollywood, est évidente. Son premier essai premier coup de maître est un best-seller où il relate sans doute aussi à travers des expériences personnelles, la vie d'un cabinet d'avocats d'affaires où la carrière que l'on vous promet peut virer du rose au noir en un tour de main. On vous offre un chèque en or, une maison et la voiture qui va avec à condition de garder le silence, d'accepter de bosser jour et nuit et de garder le silence.
L'introduction du film est un petit modèle de mise en place dynamique et inquiétante. Tom Cruise est parfait dans cet équilibre toujours un peu fragile du jeune nouveau, playboy conscient de son art et parano en devenir du fait d'un environnement pollué par la magouille et le crime. La réalisation de Sydney Pollack trahit le poids des ans, les années 90 à Hollywood devaient attendre que Fincher dépoussière un peu les bureaux en apportant ce qu'il faut de moiteur et de crasse, derrière un peu de virtuosité stylistique.
La Firme pêche par ce petit manque d’orgueil qui préfère le sujet au style. Finement mené, riche de seconds couteaux caricaturaux mais classes (Ed Harris), évitant le manichéisme de base avec le personnage d'Avery incarné par un Gene Hackman fragile et encore désireux de plaire avec le peu de pouvoir qu'il lui reste. Il lui manque peut-être un peu plus d'ambitions artistiques pour accepter de vieillir sereinement et d'atteindre les 2h35 sans trop agiter la guibolle.